Le 4 février dernier, l’ouverture officielle des Jeux Olympiques d’hiver 2022 a eu lieu à Pékin. L’occasion pour Xi Jinping et le Parti communiste chinois de redorer leur image au sein de la communauté internationale. Occasion manquée, car entre cause ouïghour, boycott diplomatique, désastre écologique et surveillance intensive, les médias n’ont jamais aussi peu parlé de sport à l’approche du plus grand rendez-vous sportif de la planète.
Un ethnocide massif des Ouïghours
Depuis plusieurs années, le Parti communiste chinois (PCC) est accusé d’atteintes graves aux libertés individuelles des Ouïghours, une ethnie chinoise musulmane vivant dans la région du Xinjiang, à l’ouest de la Chine, et radicalement opposé aux Hans, ethnie chinoise majoritaire. La répression envers les Ouïghours s’est particulièrement intensifiée avec la prise au pouvoir du dictateur Xi Jinping en 2012. Camps de concentration, surveillance intensive, mais aussi trafics d’organes : les crimes inhumains envers ce peuple sont nombreux.
À ce jour, plus d’un million d'Ouïghours seraient enfermés, sans procès ni raison particulière, selon Amnesty International dans ce qu'elle appelle le PCC, des camps de rééducation. Officiellement, ces camps ont pour vocation d’offrir des "programmes de formation professionnelle" dans le but d’éradiquer la pauvreté et combattre l’extrémisme religieux. Officieusement, ils contribuent à une lutte contre tout ce qui diffère de la ligne idéologique du Parti.
Camps de concentration, comme un air de déjà vu
Le port du voile, la prière, le jeune, ne pas boire d’alcool ou refuser de s’adonner à des jeux d’argent est, au Xinjiang, vu comme un signe d’extrémisme religieux, et donc, un motif d'arrestation et d'enfermement dans ces camps de concentration. Des caméras de surveillance filtrent les entrées et les sorties des habitations des familles Ouïghours, nul détail n’échappe à l'œil de Pékin. Cette surveillance outrancière orwellienne a pour objectif d’accélérer cet ethnocide. Une fois arrêtés, ces hommes et femmes sont envoyés dans ces camps.
À l’intérieur de ceux-ci, loin de toute caméra, les prisonniers sont forcés d’abandonner leur religion en faveur du PCC. Pour ce faire, des séances de propagande leur sont imposées, ainsi qu’un endoctrinement politique et une assimilation culturelle. Obligé de réciter des textes portant en gloire le Parti et de dénigrer l’Islam, quelconque forme de contestation est sévèrement punie.
Les victimes, si elles s’opposent à cette allégeance, sont torturées, privées de nourriture ou tuées. Les femmes, elles, sont généralement stérilisées contre leur gré, afin d’éradiquer l’ethnie.
Brisés psychologiquement, leur détention est prolongée s'ils échouent aux examens organisés dans les camps. Autrement dit, si l’endoctrinement psychique n’est nullement effectif. Les mineurs, orphelins, qui seraient aujourd’hui de l’ordre de 500 000, sont quant à eux envoyés dans des orphelinats pour y recevoir une "éducation patriotique" avec interdiction d’y parler ouïghour. De quoi rappeler les heures les plus sombres de notre histoire.
Esclavagisme moderne
Un bon nombre de prisonniers sont envoyés -- depuis ces "camps de rééducation" -- dans des usines à travers la Chine pour réaliser du travail forcé. Une main d’œuvre encore moins chère, corvéable à souhait, dont bénéficient allègrement les firmes multinationales et plus particulièrement celles de l’industrie textile. En 2020, 180 ONG calculaient qu’un vêtement en coton sur cinq vendus dans le monde était lié au labeur, ou plutôt esclavagisme des Ouïghours.
Ces marques comme Nike, Adidas ou Gap -- pour ne citer qu’elles -- tirent leurs revenus de marges astronomiques permises par une externalisation radicale. De quoi produire à très bas coûts hors Occident et revendre à prix élevés en Occident, en usant du prestige de la marque.
Un fonctionnement profondément immoral, basé sur une approche coloniale et dominatrice de la mondialisation, qui ne profite qu’à une poignée d’investisseurs tout en renforçant le pouvoir économique de la Chine.
Ce méfait, pourtant connu de la communauté internationale et intensivement médiatisé, n’a pour le moment fait l’objet d’aucune sanction.
Les cousins, membres de famille imposés
La répression et le calvaire qui subissent les Ouïghours ne s’arrêtent pas là. Depuis 2018, Xi Jinping a mis en place des campagnes, nommées "Visiter le peuple" ou "Devenir famille". Durant ces dernières, un million de fonctionnaires du Parti s'installent pendant plusieurs jours dans des familles musulmanes Ouïghours, se faisant passer pour des cousins auprès du voisinage. Pour éviter toute sanction, les victimes devront d’ailleurs les appeler de la sorte. Le but ? Surveiller chaque membre de ces familles afin de s’assurer que ceux-ci s’assimilent parfaitement à la culture Hans.
Pour ne pas être catalogué comme extrémistes, les Ouïghours accueillant leur bourreau se doivent de manger du porc, boire de l’alcool et chanter à la gloire du Parti en leur compagnie. Les femmes vivant seules seront contraintes de dormir avec ces cousins, et l’horreur n’ayant aucune limite, de consentir, généralement, à un rapport sexuel.
Des organes "halal"
Pour de nombreux Ouïghours, la route vers ces camps ne sera qu’un simple aller vers la mort. Si celle-ci n’est pas produite par la torture, la faim ou le travail inhumain, elle peut l’être pour d’autres raisons. Pour le média Vice, des rescapés ont pris la parole pour dénoncer le trafic d’organes dits "Halal", ayant lieu en ces camps. Selon leurs dires, des tests sanguins et échographies ont lieu tous les mois afin de connaître l’état de leurs foies, reins ou cœurs.
Certains prisonniers, anesthésiés, se réveillent parfois avec de profondes cicatrices, quand d’autres disparaissent à jamais. Les Ouïghours ne consommant ni alcool ni porc, leurs organes seraient prisés par de nombreux malades. Selon Erkin Sidick, conseiller du World Uyghur Congress, certains patients apprennent même à l'avance la date exacte de la transplantation. En d'autres termes, les hôpitaux connaissent à l'avance les dates des décès des donateurs.
Ces multiples transgressions envers les droits et libertés fondamentales de nos sociétés sont connues de la communauté internationale. Bien que nulle sanction ne fut prise envers la Chine à ce sujet, certains gouvernements, en signe de protestation, ont pris la décision de boycotter diplomatiquement ces Jeux Olympiques de Pékin.
Un important boycott diplomatique
Les Jeux Olympiques, en plus d’être un événement sportif d’engouement mondial, sont un épisode politique d’une importance cruciale, en particulier pour le pays hôte. En effet, ces Jeux permettent pour la nation organisatrice de s’attirer deux semaines durant les feux des projecteurs du monde entier. Ici, en l’occurrence, une occasion parfaite pour la Chine de démontrer sa puissance, tant politique que sociale et économique.
A contrario, un boycott en ces Jeux représente, d’un attrait politique, une éminente arme diplomatique mettant à mal le pays accueillant ses invités. Ainsi, lorsqu’un pays refuse d’y participer ou d’y envoyer des représentants, il vise à mettre au jour des problèmes propres au pays hôte, ainsi que de profonds désaccords politiques de fond entre nations. Et des oppositions vis-à-vis de la communauté internationale, ce n’est pas ce qu’il manque au PCC.
Une dictature de tous les fronts
Comme vu précédemment, la cause Ouïghours est un opprobre aux droits fondamentaux des Hommes. Mais la Chine ne limite aucunement sa répression, ni envers d’autres ethnies, encore moins avec les intellectuels et personnalités publiques s’opposant au Parti, osant s’efforcer de rendre compte au monde entier la doctrine imposée à la citoyenneté. L’immoralité dictatoriale du PCC se manifeste en de nombreux faits. Ces derniers mois, d’innombrables disparitions ont eu lieu, notamment envers des avocats, activistes et féministes.
En 2021, Peng Shuai, célèbre joueuse de tennis, fut portée disparue durant des semaines suite à une prise de parole publique, au cours de laquelle elle accuse de viol un haut dirigeant Chinois. Lors de sa réapparition, la sportive changea de version, déclarant "un simple malentendu". Cet événement ne laissa nulle quelconque dupe.
En parallèle, les habitants Tibétains, Hongkongais et Mongoliens subissent en leur terre d’importantes oppressions, visant à les dénuer de droit, de liberté et d’identité ethnique.
Les Etats-Unis, pionniers de la démarche
Si le boycott de Jeux Olympiques n'est pas nouveau, puisque cela avait déjà eu lieu en période de guerre froide, le boycott purement diplomatique est, quant à lui, inédit. Il consiste à autoriser la participation des sportifs, tout en n’y envoyant aucun représentant politique, afin de protester contre ces atrocités. Nombreux sont les pays qui ont suivi cette démarche.
C’est d’ailleurs le cas de la quasi-totalité des nations de l’Union européenne, prétextant pour la majeure partie des raisons de sécurité sanitaire liées au Covid. Rares sont les pays assumant publiquement ce boycott en signe de contestation, refusant le récit national proposé par le PCC lors de la cérémonie d’ouverture.
Parmi-eux, les Etats-Unis, premier état a argué la Chine de génocides et de crimes contre l’humanité. Joe Biden, au travers d’une déclaration depuis la Maison Blanche, a souhaité aspirer à un important mouvement de boycott. Celui-ci sera rejoint par le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l’Inde, les Pays-Bas, le Danemark, la Suisse et la Lituanie. Une première tâche d’ombre pour ces JO, contrecoup terrible pour le PCC.
Propres à eux-mêmes, les dirigeants chinois ont averti que toute nation ayant pris parti pour ce boycott en paieraient le prix, précisant que ce boycott n’est rien d’autre qu’une immonde injustice, ayant pour finalité une manipulation médiatique à l’encontre de la Chine.
La Chine loin d’être esseulée
Pour autant, le Parti communiste chinois peut compter sur de nombreux alliés politiques, qui à leur tour ont dénoncé ce boycott tel une exaction impropre à Xi Jinping et son gouvernement. Parmi ces soutiens, avec un timing idéal en raison de la crise diplomatique avec l’OTAN, Vladimir Poutine. La Chine a offert à la Russie, normalement privée de JO jusqu’en 2023 en raison de lourdes affaires de dopage, de revenir en vedette.
Présents également, le Premier ministre pakistanais Imran Khan, le président de Singapour Halimah Yacob, le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman (MBS), l’Emir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani.
Il est important de rappeler que ce "beau monde" est régulièrement cité pour des atteintes à la démocratie ou aux droits des hommes dans leurs pays.
Et la France, dans tout ça ?
Côté Français, la position fut durant longtemps totalement floue. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a appelé de ses vœux "une position commune de l'Union européenne" sur la question, "se coordonner" avec les autres pays. La France a insisté sur le fait que cela n'allait pas être une condition franco-française, mais une décision discutée dans une enceinte plus large, qui est l'Union européenne. Jean-Michel Blanquer, lui, affichait un tout autre discours au cœur des médias. Malheureusement, aucun choix ferme ne fut trouvé, les nations décidant donc individuellement de boycotter, ou non.
Roxana Maracineanu, ministre des Sports, a quant à elle annoncé qu'elle serait absente de la cérémonie d'ouverture, mais se rendrait en Chine par la suite. Une position qui a provoqué le sarcasme de Lu Shaye, l'ambassadeur chinois en France, l'accusant de "ménager la chèvre et le chou". La France a donc officiellement rejeté le boycott diplomatique.
Des raisons atténuantes
Il est important de rappeler que la France, depuis le 1er janvier 2022, assure la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Il peut être compréhensible que Paris ne veuille pas avoir une crise ouverte avec Pékin pendant six mois, qui envahirait totalement l'agenda de cette présidence européenne.
De plus, Paris accueillera les JO 2024 et souhaite sans doute éviter un boycott chinois en représailles, qui en entraînerait, de suite logique, ceux de leurs alliés. Enfin, plane assurément la peur de la rupture de relations économiques sur certains sujets avec la Chine en cas de boycott. Ces raisons n’excusent en rien le manque de prise de parti français, mais permettent de le comprendre sous un autre angle.
Un premier signe de reconnaissance
Malgré ce refus de boycott, la France semblerait décidée à s’engager autour du débat international au sujet des Ouïghours. En effet, le 20 janvier 2022, l’Assemblée nationale a adopté une résolution dénonçant le "génocide" de l’ethnie turcophone par la Chine et demande au gouvernement français d'en faire de même. L’adoption s’est faite à la quasi-unanimité (169 votes pour, 1 contre et 5 abstentions, provenant de La France insoumise). Abstention évidente lorsqu’on connaît la promiscuité entre Jean-Luc Mélenchon et Maxime Vivas, écrivain négationniste, ayant rédigé une œuvre réfutant l’existence de toute répression envers l’ethnie Ouïghours.
Cette résolution stipule que l'Assemblée "reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l'encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l'humanité et d'un génocide" et les "condamne". Avant tout symbolique et n’ayant peu d’impact politique, elle renforce en revanche, et ce de façon intensive, la pression sur l’exécutif et le gouvernement, afin qu’une décision plus ferme soit prise sur ce sujet.
Un engagement partiel
Une belle avancée, pourrait-on penser. Or, Paris a en revanche refusé une seconde résolution sur le génocide des Ouïghours, 15 jours plus tard. Ce texte, se voulant plus étoffé et engageant que le précédent, contraignait la France à des actions pour venir en aide aux populations turciques, a été retiré de l’ordre du jour de l’Assemblée par Richard Ferrand. Ce dernier n’a pas souhaité engager ce débat avant le début des JO à Pékin.
Pas de boycott, refus d’adoption de résolution actionnelle, il est certain que la France est encore loin de tout engagement envers les atrocités commises par le PCC. N’oublions jamais une chose : le plus grand complice du bourreau est le silence.
Un désastre écologique sans précédent
Indépendamment à toutes les polémiques déjà énoncées, la Chine promet depuis plusieurs années déjà que ces Jeux Olympiques d’hiver seront les Jeux les plus verts jamais organisés. Le comité d'organisation de Beijing 2022 a à cœur de remplir sa mission, à savoir "organiser des JO respectueux de l'environnement, fédérateurs, ouverts et propres". Parmi les initiatives lancées afin d’atteindre cet objectif, nous pouvons citer l’utilisation d’électricité provenant d’énergies renouvelables. À Zhangjiakou, ville co-organisatrice, ont été implantées des éoliennes pouvant produire 14 millions de kilowatts. Autre fait notable : une grande partie des montagnes environnantes de Pékin ont été recouvertes de panneaux solaires, additionnant à eux-seuls une capacité de 7 millions de Watts.
Ces différentes installations sont reliées à un centre de distribution, auquel seront connectés les sites olympiques. Cela permettra à Pékin et au PCC d’affirmer que l’alimentation des Jeux est uniquement d’origine renouvelable, que ces JO entièrement "verts" sont un exemple à suivre et un modèle environnemental idyllique. Malheureusement, la réalité est totalement différente. En plus d’être une ineptie au sujet des droits des Hommes, ces JO sont un véritable désastre écologique pour de nombreuses raisons.
Une neige 100 % artificielle
Malgré ces diverses résolutions, la Chine continue de dépendre aux deux tiers du charbon pour sa production d’électricité, ce qui fait du pays le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Afin de garantir un air respirable, les poêles à charbon ont été remplacés par des systèmes de chauffage électrique ou à gaz dans 25 millions de foyers à Pékin et les régions environnantes, où le froid est vif durant les mois d'hiver.
Les aciéries de la région ont reçu l'ordre de diviser leur production par deux en août dernier et des dizaines de milliers d'usines ont dû payer des amendes pour dépassement des limites d'émissions polluantes. La qualité de l’air s’est en effet améliorée à Pékin, mais s’est aggravée dans le reste du pays, décalant juste le problème de façon temporaire. Mais le plus grand souci de cette aberrance écologique ne se trouve pas là.
Il neige peu, si ce n’est dire pas, à Pékin, région connue pour sa sécheresse hivernale. En effet, depuis déjà quatre décennies, les précipitations y sont de seulement 7,9 mm en moyenne durant la saison hivernale, constituant un imprévu de taille pour l’accueil de ces Jeux Olympiques.
Pour répondre à ce problème, la Chine a pris la décision d’avoir recours à de la neige 100 % artificielle, une première dans l’histoire de cette compétition. Les prévisions estiment que pour recouvrir l’entièreté des pistes, 2 millions de m³ d’eau furent nécessaire, l’équivalent de 800 piscines olympiques. En parallèle, les résidents de Pékin, eux, ne doivent compter que sur 300 m³ par an et par habitant, soit moins du tiers de l’approvisionnement recommandé par les normes de l’ONU.
Dérèglement des écosystèmes
Ces quantités astronomiques d’eau furent prélevées de réserves naturelles, déréglant par la même occasion tout un ensemble d’écosystèmes. Les organisateurs assurent que ces ressources ne contiendraient nul produits chimiques et pénétreraient naturellement au sol lors des fontes, affirmation que grand nombre de scientifiques contestent.
Afin d’entretenir ces pistes et de les parsemer de cette fausse neige, des centaines de générateurs et de canons tournent à plein régime, 24h/24. La région de Pékin étant particulièrement aride en saison hivernale, l’air sec affecte donc leur utilisation. Pour remédier à cette énième contrariété, les opérateurs y ont ajouté des produits chimiques afin de favoriser la cristallisation de l’air froid. Évidemment, ces derniers sont extrêmement néfastes pour la fertilisation et la biodiversité des sites, et risquent sur le long terme de provoquer une érosion des sols.
À l’image de cette neige, les pistes n’ont rien de naturelles non plus. Pour être construites et aménagées, plus de 20.000 arbres furent abattus sur une surface équivalente à celle de 1000 terrains de football, et ce, uniquement pour la région de Yanging, qui accueille les épreuves de ski-alpin. Cette manœuvre, à son tour, fut synonyme de destructions d’écosystèmes.
Un futur tout aussi inquiétant
Ces Jeux Olympiques ont, pour Pékin, différents avantages. Comme énoncé précédemment, ils permettent au PCC de s’attirer les projecteurs du monde entier et représentent une occasion unique pour la propagation de leur endoctrinement politique. Mais économiquement, de profonds avantages existent aussi.
Ainsi, par le biais de cette compétition sportive, Pékin souhaite, sur le long terme, inciter 300 millions de Chinois à se mettre aux sports d’hiver, pratique impopulaire jusqu’alors. Un objectif qui accroîtra forcément la pression sur les ressources en eau, dans une région où la pénurie est déjà l’une des plus importantes au monde.
La Chine a promis des JO intégralement verts comme jamais vu par le passé. Au bout du compte, elle a organisé les Jeux Olympiques les plus dégradants de l’histoire, qui laisseront de profondes marques environnementales, des décennies durant.
Une sécurité alarmante pour les sportifs
L'utilisation de neige artificielle est effroyablement énergivore. Mais ces anomalies ne s’arrêtent pas là. En effet, un rapport sur l’avenir des Jeux Olympiques d’hiver face au changement climatique prévient que celle-ci peut être d’une extrême dangerosité pour les sportifs.
Au-delà de l'aspect environnemental, les auteurs notent les risques générés par la neige artificielle. Sa composition, différente de la neige naturelle, crée une surface plus rapide et plus dure, et donc, de suite logique, plus dangereuse en cas de chute. Mais la sécurité physique des athlètes n’est pas la seule à paraître inquiétante à Pékin.
Surveillance et censure
Le PCC est maître quand il s'agit de la surveillance intensive de sa population. Le régime de Xi Jinping repose intensément sur cette intrusion, tout autant que sur la censure imposée à l’ensemble de ses citoyens. Fidèles à eux-mêmes, les dirigeants chinois ont, semblent-ils, décidés d’imposer cette dominance aux nombreux sportifs installés sur les sites olympiques.
Preuve à l’appui, Yang Shu, directeur général adjoint des relations internationales au comité d’organisation des JO de Pékin, a déclaré que les athlètes étrangers pourraient être sanctionnés s’ils venaient à tenir des discours transgressant "l’esprit olympique, et surtout des lois et des réglementations chinoises". Cette déclaration, menaçante, vise à museler les sportifs sous une peur constante, d’autant plus que les sanctions sont inconnues. Une façon de les dissuader de s’exprimer et éviter toute critique envers l’organisation de ces JO ou du régime autoritaire Chinois. Les nations boycottant la compétition ont par ailleurs rappelé les journalistes et sportifs sur les lieux à une extrême vigilance de leur propos.
En concomitance, plusieurs délégations, dont les Américaines et Canadiennes, ont conseillées à leurs représentants de se rendre en Chine sans leurs téléphones et ordinateurs personnels, car la crainte de piratage et d’utilisation de ces outils informatiques est accrue. Cela pourrait aider le PCC à la surveillance, tout autant qu'à l'usurpation des données personnelles.
Une atmosphère pesante pour ce qui devait être un événement de festivité et de partage.
Contrôle des libertés
La censure et la surveillance ne sont pas les seules contraintes infligées aux diverses parties composantes des délégations sportives. En effet, en raison de Covid-19, les sportifs doivent vivre complètement isolés de la population. La ville de Pékin se trouve divisée en deux zones, qui se veulent totalement hermétiques : celle des Jeux Olympiques et le reste.
Pour les athlètes, pas question d'aller flâner dans la ville ou dans la cité interdite. Durant l’intégralité de la compétition, ces derniers n’auront absolument aucun contact avec le monde extérieur. Sitôt l’épreuve terminée, les délégations prennent la direction de la "bulle olympique", zone fermée et hautement surveillée où sont enfermés chaque acteur des JO. À l’intérieur de cette bulle Covid, un infernal bal de dépistages et de contrôles de température quotidien a lieu.
"Il y a des contrôles à tous les points, tout est barricadé. On ne peut pas sortir. Les quartiers sont fermés. Il n'y a personnes dans les rues. C'est une ambiance vraiment très particulière, contraignante, et parfois pesante"
- Christophe Saioni, entraineur de ski alpin.
Des mesures totalement liberticides, imposées au sein d’une bulle olympique dans laquelle chaque résidant est constamment épié, de quoi appuyer encore davantage sur ce climat acariâtre.
Les Jeux Olympiques de Pékin devaient être, pour la Chine, l’occasion parfaite de démontrer au monde entier la puissance de son Parti. La compétition sportive n’aura, finalement, que mis en évidence sa politique dictatoriale, sa coercition des droits humains et son absurde positionnement environnemental.
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