Sorti le 8 décembre dernier dans les salles obscures françaises, West Side Story a ravi le cœur de nombreux cinéphiles. Il faut dire qu'il était très attendu par la critique. Steven Spielberg a su reproduire une nouvelle adaptation de cette comédie musicale de Broadway, en apportant des petites touches personnelles, rendant son message encore plus actuel.
La version originale de West Side Story étant sortie en 1961, le réalisateur américain nous propose un remake, 60 ans après. Pour celles et ceux qui n'ont jamais entendu parler de cette merveille cinématographique, nous ne pouvons que vous conseillez de rattraper le temps perdu dès maintenant.
En bref, c'est une histoire à la Roméo et Juliette. Dans un bas fond de New York des années 60 promis à la destruction, deux camps s'affrontent : les Jets d'un côté et les Sharks d'un autre. Les premiers veulent conserver leur territoire, tandis que les seconds prévoient d'y rester et d'assouvir leur "rêve américain". Confrontés à la discrimination raciale, ce rêve semble hors de portée dans une société qui ne veut pas d'étrangers. Au milieu de ce conflit, Tony, membre des Jets, et Maria, la jeune sœur de Bernardo, leader des Sharks, se rencontrent et tombent profondément amoureux, ce qui suscite davantage de discordes entre les deux groupes. Comment ça finit ? Tragiquement...
L'illusion d'un amour idéal
Alors que dans la version originale, le duo central occupait la place la plus importante dans l'histoire, cela n'est plus le cas dans l’œuvre de Steven Spielberg.
Dotés de personnalités plus complexes, les personnages secondaires se démarquent remarquablement face au duo central. Ces deux figures semblent être de simples poupées d'un monde qui les avale.
Ils représentent dorénavant les souvenirs d'un espoir aujourd'hui révolu. Leur amour semble irréel et fondé sur une complète illusion.
Un discours humain porté sur des airs intemporels
Bien que différent sur certains points, Steven Spielberg a gardé les airs perpétuels de la version originale avec ses célèbres musiques telles que America, Tonight ou encore Maria. Il est surprenant d'entendre certaines chansons sortir de la bouche d'autres protagonistes, mais elles restent magnifiquement bien reprises. L'atmosphère qui s'y dégage est tout autant emplie de vivacité.
America, LA chanson la plus célèbre du film, est restée un classique parmi les classiques et traduit indéniablement les difficultés des étrangers en Amérique : "Buying on credit is so nice. One look at us and they charge twice" (Acheter du crédit est tellement bien. Il suffit d'un regard pour qu'ils doublent le prix), "Life is all right in America. If you're a white in America" (La vie est parfaite en Amérique ! Si tu es blanc en Amérique). Réalité sociologique qui n'a pourtant pas pris une ride, 60 ans après...
Steven Spielberg propose également une réflexion sur la pauvreté et la violence, avec l'usage des armes à feu chez les jeunes à travers la chanson Cool. Il développe plus en profondeur la condition des femmes dans la société, notamment à travers le personnage d'Anita, qui essaye de s'émanciper.
Un casting formidable et inattendu
Si dans la version originale de 1961, la majorité des interprètes du clan Sharks n'étaient pas originaires d'Amérique latine, Spielberg renverse la situation en proposant des interprètes issus de la communauté latino. Il a également décidé de ne pas sous-titrer leurs paroles en espagnol, les rendant plus visibles.
Les leaders des deux clans sont joués respectivement par David Alvarez (Sharks) et par Mike Faist (Jets). Le premier incarne un personnage puissant, tandis que le second apparaît comme étant très sensible, émotif et emprunt d'un lourd passé. Ces deux acteurs, découverts avec émerveillement dans cette adaptation, ont su interpréter avec brio Bernardo et Riff, alors qu'il était difficile de succéder à deux cadors du cinéma américain. Finalement, ce n'est pas si difficile de tomber sous le charme des deux bad boys !
Quant aux deux protagonistes principaux, Ansel ELgort (Divergente) et Rachel Zelger donnent du piment à Tony et Maria. Même si Ansel Elgort ne fournit pas un jeu d'une réelle grandeur, il réalise une prestation tout à fait singulière qu'on ne peut qu'apprécier. Petite surprise : Rita Moreno, qui interprétait Anita, la compagne du frère de Maria en 1961, joue la veuve portoricaine de Doc dans cette version de 2021.
Avec cette nouvelle adaptation, Steven Spielberg propose un catalogue des différents problèmes américains, qui évincent complètement le fameux "rêve américain" des années 60. La réalité est cinglante ! Obtiendra-t-il 10 Oscars comme ses prédécesseurs ? À voir...
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