Difficultés financières, isolement géographique, une pandémie qui laisse des traces, exil psychologique ou encore psychose du compte en banque, entre ceux qui comptent chaque dépense et ceux qui s'enfoncent chaque jour dans le rouge. Nous avons demandé à 72 étudiants leur avis sur la question.
En tant qu'étudiants, nous avons pris récemment connaissances des difficultés que les jeunes peuvent rencontrer au cours de leur cursus. Plus de cas isolés, mais une généralité. Et c'est grâce, ou à cause, de la pandémie que les regards se sont tournés vers cette jeunesse étudiante précaire.
Pas de vœux, pas de Master, pas de stage, et pourtant diplômés !
Il faut dire que le gouvernement Macronien ne rend pas la vie facile aux étudiants indépendants de 2021. Tout d'abord, pour être étudiant, encore faut-il être accepté quelque part. L’accès aux études supérieures devient de plus en plus difficile. Le filtre ultra sélectif — appelé Parcoursup — est un entonnoir cruel qui a laissé 91 000 candidats sans affectation cet été 2021.
Il fut un temps où l'épreuve ultime était d'obtenir le baccalauréat, source de stress et d'angoisse qui pouvait s'étendre sur toute une année. Aujourd'hui, une complication vient se greffer à cette source de stress des épreuves : l'affectation ! Des bacheliers se sont vus renoncer à leurs rêves et se sont retrouvés sans acceptation de vœux. On n'ose imaginer l'anxiété que ces refus ont pu générer chez ces jeunes.
Changements de notation pendant une pandémie
Un trouble de l'orientation professionnelle s'est imposé suite à la philosophie menée par le gouvernement, et donc appliquée en France aujourd'hui. Les universités adoptent elles-aussi une idéologie grinçante, mais en adéquation avec l'idée d'une ultra sélection et du système du cruel entonnoir : la suppression de la compensation.
Cela signifie que les matières et les semestres ne se compensent plus entre eux. Pour faire simple : un élève ayant 9/20 au premier semestre et 15/20 au second se verra directement redirigé vers la session 2 (les rattrapages).
Terrible nouvelle pour les étudiants, qui parfois n'ont pas le choix de faire pâtir des matières suite à un jonglage de responsabilités. La plus connue étant le job étudiant, qui occupe une place dans l'agenda d'un étudiant. Et ces derniers n'ont pas toujours le choix.
"La vie étudiante" ou un "lifestyle financier" ?
À savoir qu'une grande partie des étudiants participants sont aidés financièrement par leurs parents, nous nous sommes interrogés. Qu'en est-il de ceux qui n'ont pas ce soutien financier ?
Un soutien qui peut être inexistant pour de multiples raisons, comme un manque de moyens ou, plus simplement, un refus. Parmi les participants de notre sondage, 56,3% ne vivent plus chez leurs parents. Entre studios, logement Crous ou encore collocations, beaucoup doivent également porter le prix des denrées alimentaires sur leurs épaules.
En plus de cela, les aides sociales ont été réévaluées. La bourse du Crous, par exemple, où les critères sociaux ont été redéfinis pour cette rentrée 2021, se basant sur les revenus de l'année précédente. Aujourd'hui, une grande partie des ex-boursiers sont refourgués aux assistantes sociales.
L’ego est totalement mis de côté, puisque d'interminables files d'attente d'étudiants ont été aperçues dans les grandes villes de France, afin de récupérer un colis alimentaire. Loin de faire la fine bouche, des associations et parfois des restaurateurs offrent des repas à prix réduit, à 1 euro ou parfois gratuit.
On vous redirige vers le reportage poignant de Brut à ce sujet.
Entre tentatives d'aide et maladresses
La loi du privilégié se fait ressentir dans l'environnement des études supérieures, même si récemment, des bribes de (fausses) considérations ont été tentées.
On pense notamment à l'initiative d'inviter une poignée de jeunes influenceurs pour parler de la "détresse" étudiante (NDLR : Fabian et Enjoy Phoenix dans l'émission #SansFiltre de Gabriel Attal).
Des invitations qui ont fait grincer les dents des étudiants et qui ont dénoncé le manque d’honnêteté, et même de légitimité de ces influenceurs pour incarner le porte-parole des étudiants en détresse. Des tentatives du gouvernement totalement ratées et qui n'ont trompé personnes.
Les étudiants se sentent abandonnés par le gouvernement. Beaucoup ressentent un lourd sentiment d'illégitimité, à travers un manque énorme de considération.
Loin de nous l'idée de tirer un tableau sombre de l'environnement étudiant, car fort heureusement, le soutien de certains professeurs et d'associations se fait ressentir. Il est primordial d'éveiller les consciences sur les insuffisances du gouvernement que les étudiants subissent aujourd'hui. Et selon nous, les réponses à cette question finale parlent d'elles-mêmes.
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