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Photo du rédacteurEymeric Macouillard Gillet

RÉCIT — "L’étreinte", un livre qui serre le coeur et aère l’esprit

25 décembre 2021, il est à peu près 00h30 lorsque mon frère s’approche de moi en me tendant un gros paquet. "Tiens, je ne l’ai pas lu, mais je suis persuadé que ça te parlera, on ne m’en a dit que du bien, j’espère que ça va te plaire". Le regard est insistant, droit dans les yeux, comme s’il y avait un message sous-jacent. J’ouvre le paquet, et je vois cette couverture magnifique qui m’absorbe tout de suite. Sur celle-ci, une femme de dos, et ce titre en orange, L'étreinte.



Couverture de "L'étreinte"

Je viens d’un endroit où elles se font rares ces étreintes, où le rapport physique est si particulier. Du coup, les années passants, bien qu’on a du mal à corriger ce rapport physique, il y a des étreintes bien plus importantes, des étreintes symboliques.


Ce soir-là, en rentrant chez moi et en commençant la lecture du livre que j’ai finalement dévoré en une nuit, j’ai compris qu’à sa manière, mon petit frère m’avait enlacé fortement. Bien que je ne vais pas m’étaler sur le pourquoi ce livre m’a tant marqué, car ce n’est pas le sujet, il m’était important de préciser ceci : L’étreinte de Jim & Laurent Bonneau est un de ces livres qui vous touche personnellement au plus profond de votre âme. Peu importe d’où vous venez, qui vous êtes, je vous en fais la promesse : ce livre ne vous laissera pas indifférent.


C’est le genre d’œuvre pour lesquelles le courant passe tout de suite. Que ce soit de grandes vagues bouleversantes, ou une sérénité au bord de l’écume des sentiments qu’elle ramène, la BD des deux auteurs vous obligera forcément à vous jeter à l’eau.


Oui, vous allez devoir vous mouiller, challenger les émotions que vous avez enfouies, interroger toutes les rencontres inachevées que vous avez laissé passer. En somme, tout est délicat et impactant à la fois. Tout tombe juste afin de nous rappeler que la vie est faussement froide. Parce que malgré le sujet, on trouve, dans ce livre, de la magie qui agit comme une chaleur monstre. Le genre de magie qui nous donne envie d’être triste jusqu’à en être heureux.

Alors vous me direz : "c’est bien beau toutes ces louanges, mais qu’abrite ce livre, de quoi parle-t-il ?". À cela je répondrai juste que L'étreinte parle de ces rencontres inachevées qui nous amène à reconsidérer celles que nous avons réellement faites et qui accompagnent nos vies. Le reste, tant l’album contient de surprises à chaque page, je vous laisse soin de le découvrir.


Quatrième de couverture de "L'étreinte"

Des surprises que je me suis moi-même surpris à me laisser le temps de découvrir. En effet, d’habitude, avec les romans, je m’empresse toujours de courir lire les derniers mots. Non pas pour me spoiler, mais histoire de savoir à quoi m’en tenir. Après tout c’est ce que l’on cherche tous : voler un peu du goût de la fin en anticipation, histoire de mieux se jeter corps et âmes dans l’aventure qui nous rassasiera.


Sauf qu'avec L'étreinte, ce n’est pas le cas. Bien que passionné des mots, je dois avouer que le côté graphique du roman donne cette envie de prendre le temps, d’apprécier chaque dessin.





Le temps, une notion qui tient à coeur à l’auteur.


"Je ne veux pas perdre du temps de parler des choses que je n’ai plus le temps de faire si j’en parle. Vaut mieux faire les choses".

Non, il ne s’agit pas d’une quote du livre, même si ça aurait pu, mais bel et bien d’une phrase de l’auteur lui-même. En effet, j’ai eu la chance d’avoir un appel de 45 minutes avec Laurent Bonneau. Un appel qui faisait suite à un mail dans lequel je témoignais à quel point son nouvel album L'étreinte m’avait boulversé. Lors de notre conversation de 45 minutes, j’ai passé 20 minutes à me perdre dans des questions journalistiques "lambdas". Bien que les réponses étaient plus enrichissantes les unes que les autres, ce n’est pas la-dedans que j’ai trouvé l’essence même de ce qui caractérise tout ce que j’ai pu ressentir à la lecture de ce livre.


Pour cause, la richesse de L'étreinte se trouve dans sa liberté, loin des conventions. Une liberté que j’ai retrouvé en fin de conversation avec Laurent et où je me suis laissé abandonner à une discussion profonde sur l’art, et tout ce qui lui gravite autour. Une liberté que l’on retrouve aussi dans le processus de création qui a vu naitre ce livre. En effet, les auteurs ont changé de processus de création pour ce livre. Eux qui voulaient collaborer ensemble depuis un moment, sans que cela soit fructueux (les scénarios de Jim ne sonnait pas comme évident aux yeux de Laurent). Le déclic est venu autrement.

Comme témoigné dans l’interview disponible en fin de livre, les deux auteurs nous content qu’ils sont partis des planches de Laurent qui dessinait sans savoir où il allait, puis que Jim est venue rajouter ses dialogues, sa magie en liant tout cela. Une approche qui ressemble finalement beaucoup à Laurent, lui qui me confiait lors de notre échange : "Je n’avance qu’avec de la liberté".


En somme, la liberté, c’est aussi ce après quoi court le personnage principal du roman. L'étreinte, c’est aussi l’histoire d’une rupture, de ce moment où nous sommes lucides sur le fait qu’on ne peut pas échapper à la situation actuelle, tout en étant complètement perdus face à l’avenir. Pour autant, quête ne signifie pas forcément précipitation et vitesse, et le livre nous le rappelle bien. La notion de savoir patienter, c’est aussi une valeur qui tient à coeur à Laurent.


"On est dans une époque où on va vite, il y a ce truc de "premier jet parfait", or quand on regarde l’histoire de l’art, on voit que ça prend parfois du temps, il y a des brouillons, des essais…".

Ces mots, ce livre, forment aussi une oeuvre qui va rassurer tout ceux qui sont en quête de quelque chose d’artistique, ceux qui sont en pleine construction.


C’est limpide chez moi, L'étreinte est une de mes bases en ce début d’année 2022. Elle me conforte dans l’idée que, parfois, courir avec des rencontres inachevées, c’est aussi se rendre compte que nous n’avons pas fini de nous rencontrer nous-même. Un rapport à la solitude présent dans ce livre, mais qui caractérise aussi Laurent : "J’ai toujours été très solitaire, et c’est ça qui m’a protégé et m’a permis de me construire". Parce que oui : il faut un je solide si l’on veut construire un nous qui durera.


Alors c’est sans nul doute que chez M!NEWS, nous vous recommandons la lecture de L'étreinte, une œuvre bouleversante dans laquelle on s’abandonne avec émotion pour mieux se retrouver. Finalement n’est-ce pas cela que nous cherchons tous dans l’art ? Une étreinte qui nous serre le coeur, afin de mieux nous aérer l’esprit.

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