Parue en août 2021, la bande dessinée Queenie, La marraine de Harlem raconte la vie de Stéphanie St. Clair, la gangster américaine la plus célèbre des Etats-Unis dans les années 1930. Une œuvre magistrale, servie par un graphisme en noir et blanc et un scénario implacable.
Un coup de cœur de la rédaction de M!NEWS qui vous explique pourquoi il faut l’avoir avec soi, en 3 arguments.
Une femme à la destinée exceptionnelle
La bande dessinée, co-réalisée par la scénariste Aurélie Levy et la dessinatrice Elizabeth Colomba, rend hommage à l’une des femmes les plus célèbres de la mafia américaine, pourtant oubliée de l’histoire. Au même rang que Al Capone et Lucky Luciano figure Queenie, de son vrai nom Stéphanie Saint-Clair, mais son enfance pauvre à La Martinique ne prédestinait en rien son ascension.
Car la reine de Harlem, c’est elle. Pendant la Prohibition, elle monte son business -- non pas sur la fabrication ou la vente d’alcool, alors interdit aux Etats-Unis dans les années 1920 -- mais dans le domaine du jeu. Plus précisément dans la loterie clandestine, communément appelée "The Numbers". Les rouages de cette loterie sont d’ailleurs subtilement illustrés par Elizabeth Colomba, laissant paraître dans le scénario une pointe de malice absolument délicieuse.
Avec ses Numbers, l’audacieuse Queenie s’enrichie considérablement et se taille un empire criminel. Mais ce dernier est menacé par les convoitises de la pègre new-yorkaise. Le 5 décembre 1933, la Prohibition prend fin. Les gangs regardent avec intérêt les affaires de Queenie, la "seule femme noire" à jouer dans la même arène qu’eux. Une guerre sans merci éclate alors entre la mafia afro-américaine et la mafia italienne, en plein Harlem des années 1930.
Une plongée dans le Harlem des années 1930
Harlem, quartier nord de Manhattan à New-York, est le cœur de l’histoire. Dans l’Entre-deux-guerres, ce district est l’un des plus pauvres de la Big Apple, mais dans ce foyer de la culture afro-américaine prend forme un mouvement artistique de grande ampleur : la Harlem Renaissance. De la musique à la peinture, en passant par la littérature et la photographie, son effervescence est globale.
Le jazz, notamment, fait vibrer la ville où viennent jouer les plus grands artistes, comme Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et Billie Holiday. Au Cotton Club, la célèbre boîte de Harlem, se produit par exemple Duke Ellington, mais seuls les blancs peuvent entrer à cause de la Ségrégation raciale aux Etats-Unis. Un contexte passionnant qui inspire les décors de la bande dessinée... et du cinéma.
Une œuvre magistrale inspirant Hollywood
Un personnage féminin exceptionnel, un lieu fascinant rythmé par le jazz, une intrigue tournée sur le jeu, l’argent et la soif du pouvoir à l’image d’un polar où se déchirent des gangs new-yorkais. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour créer un film !
Avec un scénario implacable au suspense finement ficelé, servi par un graphique noir et blanc parsemé de gris captivants, la bande dessinée -- abrégée Queenie -- rappelle en tout points les codes cinématographiques. Des dialogues incisifs au rythme des plan-séquences, tout fait écho au cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise que la bande dessinée parue aux éditions Anne Carrière sera portée aux écrans par Hollywood.
En effet, les co-autrices ont vendu les droits à un "gros studio" américain qui produira une "très grande star" pour le rôle de Queenie, selon un article du Monde publié le 16 juillet 2021.
On n’en sait pas plus pour le moment… Le mystère reste entier. Une idée peut-être ? Avis aux cinéphiles !
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