Le nouveau Clint Eastwood est sorti ! Et forcément, on ne pouvait pas le manquer. Dans ce film, évoquant l’attentat des JO d’Atlanta en 1996, Eastwood dépeint une nouvelle fois un modèle d'héroïsme à l'américaine.
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 1996, lors des JO d’été d’Atlanta, Richard Jewell, agent de sécurité lors d'un concert donné au parc du Centenaire, trouve un sac à dos abandonné près d’un banc. Il donne immédiatement l’alerte et prévient la police, persuadé que ce sac à dos, et surtout son contenu, doivent être pris au sérieux. Il est le seul à vraiment s’inquiéter, à raison. Ils mettent alors en place un périmètre de sécurité et tente d'éloigner la foule. La bombe, que le sac contenait, n'est malheureusement pas désamorcée à temps. Elle explose à 1h25. La chaîne de télévision CNN consacre alors Richard Jewell et fait de lui un héros national. Cette initiative sauvera alors des centaines de vies mais en détruira une : la sienne.
Trois jours après l’attentat, les médias apprennent à Jewell, ainsi qu’au monde entier, qu’il est le principal suspect dans cette affaire. En effet, tous les soupçons du FBI se portent sur lui : un profil de faux-héros, assoiffé de reconnaissance, qui veut plus que tout intégré les forces de l’ordre, marginalisé, isolé socialement, un éternel enfant, candide, naïf, qui ne vit que pour sa mère... Il est le coupable idéal. Il va alors s’apercevoir que se défaire d’une image de criminel est plus compliqué que d’être montré en héros.
L’idée de faire ce film lui est venu de manière totalement anodine. Alors qu’il lit le journal, Eastwood découvre l’histoire de ce Jewell (le véritable, ici à gauche) et décide alors d’adapter ce moment de sa vie qui le changera à jamais, au cinéma. Ancré dans la réalité, empreinte du réalisateur, ce film s’inscrit également dans la lancée de célébration de l’héroïsme individuel (et américain, c’est mieux) initiée par Eastwood, quatre ans après Sully, trois ans après American Sniper, deux ans après 15h17 pour Paris. Comme un besoin de retrouver dans cette Amérique dissonante, le mythe américain incarné par un héros des temps modernes. Il choisit une nouvelle fois un acteur de second plan, Paul Walter Hauser pour montrer le héros qui sommeille en chacun de nous. Une interprétation que l’on peut saluer, aussi fragile que saisissante. Eastwood est un éternel portraitiste de l’héroïsme à l’américaine.
Fervent supporter de Donald Trump, il livre à travers ce film une image à double tranchant de l’Amérique. On y montre la vulnérabilité de l’individu mais aussi une réelle réflexion sur la puissance de l’Etat, relançant dans l’esprit du spectateur cette éternelle question : qu’est-ce que l’idéal démocratique ? La puissance des médias, ennemis numéro un de Trump (et donc d’Eastwood ?) y est montrée. Il dénonce notamment le pouvoir destructeur qu'ils peuvent avoir sur la vie des gens, mais également le harcèlement moral qu'ils peuvent exercer. Une fausse note tout de même : la représentation un tantinet caricatural (et mysogyne ?), qu’on peut évidemment lui reprocher, de la journaliste de l’Atlanta Journal-Constitution (qui dévoile les suspicions contre Jewell) Il garde le réel patronyme et la représente en séductrice cynique, prête à tout pour un titre. La journaliste n'est plus là pour se défendre mais le journal pour lequel elle travaillait nie les faits. Il reproche notamment à Clint Eastwood de faire ce qu'il reproche aux médias : d'inventer des faits, les fameuses fake news tant aimées de Trump... La polémique Outre-Atlantique est lancée, plombant le succès du film qui, personnage mis de côté, aurait pu être parfait.
Richard Jewell, décédé d’une crise cardiaque en 2007, n’est malheureusement plus là pour le voir, mais nous sommes sûrs qu’il aurait été fier du résultat. Vous l'aurez compris, on vous conseille ce film qui rend tout de même un poignant hommage à cet homme, et ce, malgré les quelques maladresses du réalisateur.
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