Henri Labrouste, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 1843-1850, Paris
Lire des histoires aux enfants peut sembler tout naturel pour un parent mais nous tendons à oublier à quel point cette habitude est salvatrice. D'ailleurs, ceux qui n'ont pas connu ce rituel familial en portent les "séquelles" dans leur vie adulte.
Lire une histoire à un enfant, c'est le recentrer sur une seule et même chose, avant le coucher par exemple, pour qu'il se concentre et finalement se fatigue pour s'endormir sereinement. On lui apprend ici les bases de la concentration. Une fois concentré, l'enfant peut se laisser transporter par le récit, qu'il soit fictif ou non, ce qui lui permettra de s'imaginer les actions et les personnages, le déroulement de l'histoire. Il pourra donc interpréter et imaginer les choses à sa manière, une qualité essentielle pour tout un chacun. Savoir imaginer, c'est mieux se connaître, comprendre ce que l'on aime et ce qui nous fait rêver.
Lire un livre dans sa langue maternelle, c'est visualiser les mots que l'on utilise quotidiennement, les situer autour de nouveaux mots que nous pourrons arriver à comprendre via ceux que nous connaissons déjà. Nous apprenons alors un nouveau vocabulaire qui nous permettra de nous exprimer plus clairement, plus justement afin d'obtenir une compréhension optimale d'autrui.
Être bien compris, c'est instaurer un dialogue stimulant, qui pourra apporter quelque chose à chaque interlocuteurs.
Multiplier ses lectures, c'est élargir ses connaissances en orthographe et en grammaire, notions qui ont tendances à se perdre sinon à se dégrader depuis ces dernières années. Ces deux subtilités de la langue française sont reconnues pour leur complexité d'enseignement et de mémorisation, mais la lecture est un excellent outil pour les maîtriser. En effet, le lecteur enregistre les mots, avec leurs particularités orthographiques et grammaticales, processus qui lui permet par la suite de retranscrire ces nouveaux mots de manière presque automatique.
Plus un mot est lu, plus il s'imprime dans la mémoire.
A travers nos lectures, nous emmagasinons donc de nouvelles connaissances, mais pas seulement autour de la langue elle-même. En effet, via les lectures, nous nous instruisons. Via des manuels scolaires, des encyclopédies, le Dictionnaire ou des biographies certes, mais il est également possible de s'instruire via des récits et des romans.
Par exemple, je n'avais jamais entendu parler des événements survenus en Argentine sous le régime dictatorial militaire entre les années 1976 et 1983. Et c'est dans un polar que j'ai commencé à comprendre ce qui s'y était passé, celui de Caryl Férey, Mapuche. Malgré le caractères fictionnel du livre, l'auteur avait à cœur de contextualiser son récit dans une époque et des faits bien réels.
C'est également dans un polar que j'ai eu une vision plus clair de la catastrophe de Tchernobyl et de ses conséquences, trente ans plus tard. Frank Thilliez, avec son roman policier Atom[KA],m'a appris beaucoup de choses sur cet important événement historique méconnu des enfants nées à partir des années 90.
Dans l'incroyable livre de Daniel Keyes, Les milles et une vies de Billy Milligan, l'histoire vrai d'un homme atteint du syndrome de dédoublement de la personnalité, j'ai pu appréhender cette maladie très complexe et peu connue.
C'est donc en lisant et en poussant ses lectures vers des sujets tous plus divers les uns des autres que le lecteur peut développer ses connaissances dans des domaines tous plus divers. Parce que oui, la lecture ouvre les portes de la curiosité pour chaque lecteur. Parfois, celle-ci peut venir d'autrui, via le bouche à oreille et des émissions télévisuelles mais se créer sa propre curiosité, via l'instinct et les quatrième de couverture, est un moyen très éclectique, à mon sens, de s'intéresser à toutes sortes de connaissances. Travailler sa curiosité, c'est travailler son ouverture d'esprit, permettant de se créer une base de connaissance toujours avide de s'enrichir.
Cependant, tous ne peuvent pas nous plaire ou piquer notre intérêt. C'est tout naturel et plutôt utile puisque ce processus permet d'analyser pourquoi et donc de développer son sens critique nécessaire à tous. Savoir ne pas apprécier quelque chose et en connaître la raison, c'est tout simplement une preuve de notre intelligence et de notre réflexion. Critiquer pour critiquer est loin d'être la même chose. Le sens critique permet, lui, une construction de sa personnalité, de ses goûts et donc de se connaître, le plus justement possible afin de cibler ce qui nous correspond vraiment.
Surtout, n'oubliez pas lecteurs que le but ultime d'un roman, d'un polar, d'un essai ou d'une fiction est de vous transporter dans le monde de son auteur. Le réel talent d'un auteur est en parti mesurable par sa capacité à nous transporter, à nous apprendre de nouvelles choses, à confirmer nos idéaux ou à les contredire.
J.R.R. Tolkien nous aura fait douter de Frodon jusqu'au bout. J.K. Rowling nous aura tous fait espérer que ses romans racontaient le monde réel et que le hibou avait simplement oublié de nous faire parvenir notre convocation à Poudlard.
Lire, c'est ouvrir son esprit à une multitude de connaissances, de rêveries, d'idées, de concepts et permet ainsi la naissance de la curiosité. Nous avons tous besoin de ces choses là qui nous aiderons dans notre vie quotidienne. Lire est une réelle nécessité que l'on doit cultiver tout au long de sa vie. Ressentir le plaisir de la lecture est une délectation précieuse.
Lire, comme j'ai essayé de le démontrer, est une chose essentielle pour nous tous. Cela permet de développer de nombreuses connaissances et techniques qui s’avéreront utiles tout au long de notre vie. La lecture permet également de s'ouvrir au monde, aux autres, à l'Art dans sa grande diversité mais surtout à soi-même, de se découvrir pour mieux se connaître.
Alors, pourquoi la nouvelle génération se sent si peu concernée par la lecture ?
Les jeunes n'ont plus le temps, rivés sur leur smartphone, de se donner une ou deux heures pour profiter d'un livre et des merveilles qu'il renferme. Espérons que les nouveaux auteurs ne baissent pas les bras et que les nouveaux lecteurs ne se laissent pas glisser vers l'inintérêt pour la lecture. Passer devant tant d'histoires, tant de voyages et de connaissances serait une telle perte.
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