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Photo du rédacteurKevin Ferry

42 : cette école sans cours ni professeurs

Imaginez-vous : se rendre à l’école ou à l’université, mais n’y trouver nul professeur, n’assister à aucun cours, tant théorique que pratique. Pire encore, n’avoir aucun horaire imposé, ainsi dire, pouvoir venir quand on le veut, ou non. Ceci semble ubuesque, invraisemblable, mais surtout inimaginable. Pourtant, cela existe bel et bien. Cette école se nomme 42, et nous allons la découvrir ensemble.


Les 4 fondateurs de 42 ( © AFP)

Les origines


À l’origine de cette innovation pédagogique, à l’exact opposé du système de l’enseignement français, nous retrouvons Xavier Niel, ainsi que Nicolas Sadirac -- cofondateur d’Epitech, de la Web@cadémie ou encore de 01 Edu System -- mais également Kwame Yamgnagne et Florian Bucher. 42 est une école informatique, visant à former les développeurs et codeurs de demain. Le directeur de Free a pour objectif, par le biais de ces écoles, de répondre à la pénurie de professionnels sur le marché.


Le nom de 42, qui a vu le jour en 2013 avec l’inauguration de son premier campus à Paris, est un déclic au roman de Douglas Costa, Le guide du voyageur intergalactique. Dans la culture geek, ce nombre est vu comme la réponse ultime face à un problème paraissant insurmontable. Pour les concepteurs de ce projet, l’école se veut comme la réponse ultime face à ce qui devrait être l’enseignement informatique d’aujourd’hui, et de demain. 9 ans plus tard, force est de constater que la recette fonctionne, puisque l’on retrouve aujourd’hui des campus aux quatre coins du globe, 42 au total, présent sur chaque continent.


Mais concrètement, qu’est-ce-qui différencie 42 des autres écoles informatiques, de plus en plus présentes sur le champ visuel de l’enseignement national ?



Sans contrainte, ni barrière


L’une des caractéristiques propres à 42, et non des moindres, est la gratuité à l’inscription, sans différenciations sociales, socio-culturelles ou économiques entre les élèves. Que vous soyez étudiants, salariés ou sans emploi, que vous ayez 18 ou 40 ans, il vous est possible de tenter l’aventure. L’idée est de s’en tenir aux normes propres d’Internet : on se moque de qui vous êtes, d’où vous venez et de ce que faisiez auparavant. Il est même possible de s’y inscrire avant d’atteindre la majorité, à condition d’être titulaire du baccalauréat ou diplôme équivalent. Les fondateurs désirent que les étudiants qu’ils accueillent forment une diversité de profils et de forces.


Fini les barrières traditionnelles des grandes écoles, la porte est ouverte à toutes et tous. Évidemment, une sélection à lieu, obligatoire afin de filtrer les profils pouvant s’épanouir en sa pédagogie. Cette dernière est divisée en deux étapes. La première est une constitution d’exercice réalisable sur le site même de l’école. Ceux-ci peuvent durer plusieurs jours et cherchent avant tout à mettre en œuvre la logique et mémoire des participants. Ils offrent une première approche aux futurs étudiants face à leur appétence vis-à-vis de l’informatique.


Si les résultats s’avèrent positifs, les heureux élus feront face à un check-in informel, où l’école et sa pédagogie leur est présentée de façon globale, et par la même occasion, ils y choisiront le campus dans lequel ils effectueront leur piscine.



La piscine, le grand bain


La piscine, quel drôle de mot... Rassurez-vous, notre réaction fut la même avant d’en comprendre son sens et sa vertu. Tout d’abord, pourquoi ce terme ? Et surtout, en quoi celle-ci consiste-t-elle ? Basée sur une épreuve d’endurance imaginée par l’armée américaine, durant laquelle les soldats doivent nager avec l’entièreté de leur package, la piscine façon 42 est une métaphore de ce qui attend les étudiants.


Les clusters de 42 ( © 42)

Avant tout une phase d’apprentissage intensive, les piscineux seront lâchés face à eux-mêmes, dans le grand bain, avec deux alternatives possibles. Nager, et réussir avec brio cette étape, ou couler, et échouer. Ils y sont introduits dans une ambiance de travail particulièrement intense, où leurs nerfs et motivations seront mis à rude épreuve. Sa durée est d’un mois, durant lequel les élèves travailleront 7 jours sur 7, 12h à 16h durant. De quoi se démotiver assez rapidement, ou au contraire, forger de futurs génies de l’informatique.


Mais comment celle-ci se compose-t-elle ? Quels sont les travaux face auxquelles les étudiants sont confrontés ? Voyons cela de façon détaillée.



Un mois à haute intensité


Le premier jour, lorsque les néo-développeurs débarquent dans les "clusters" -- nom donné aux salles de travail -- pouvant accueillir des centaines de personnes et équipés de Macintosh, ces derniers se retrouvent pris au dépourvu. En effet, nul professeur ni corps enseignant. Les élèves ont, pour seule arme, un identifiant ainsi qu’un mot de passe, afin de se loger sur l’un des ordinateurs. Puis rapidement, le grand plongeon s’opère et les exercices débutent. À partir de cet instant, le savoir afin de les résoudre réside à 3 endroits : en eux-mêmes, sur Internet ou chez leurs camarades.


L'entraide est le mot d'ordre ( © Ferry Kévin)

Le rythme de travail, lui, est particulièrement intense. Chaque jour de la semaine, des exercices sont à rendre, qui par ailleurs se complexifient jour après jour et un grand nombre de concepts doivent être intégrés au fil du processus, portant pour la majorité d’entre eux sur le langage C. De plus, les résidents de 42 se voient imposer un projet majeur par semaine, ainsi qu’un examen, chaque vendredi.




Viens enfin le week-end, le moment pour souffler et décompresser de la pression engendrée… Non, certainement pas à 42. Durant ce court laps de temps, les étudiants doivent travailler, en groupe cette fois-ci, sur de nouveaux projets.


L’objectif est de littéralement noyer les élèves sous le travail afin de voir si ceux-ci parviennent à tenir sous l’eau et apprennent à nager. Il est clair que si les prépas classiques se définissent comme des marathons de durs labeurs, la piscine façon 42, elle, s’ampère davantage à un sprint continuel. Afin de corser une expérience paraissant d’ores et déjà comme particulièrement éprouvante, nulle indication n’est offerte aux étudiants quant aux critères de sélection, ceci ayant pour but de les chambouler encore un petit peu plus.


Les campus sont ouverts 24H/24 ( © A.Croisier)

Bien que cette exponentielle charge de travail ne laisse guère de temps à d'autres tâches ou loisirs, il est important de savoir qu’il n’existe aucune journée type au sein de ce campus. En effet, la notion de routine n’existe pas à 42. Ici, les étudiants sont libres de venir et partir à l’heure qu’ils le souhaitent. Les clusters sont ouverts 24h/24h, sans aucune contrainte.


Cette liberté offerte aux élèves, en totale contradiction au conformisme éducationnel de notre pays, est, toutefois, à double tranchant. Il est largement préférable de s’entourer de camarades à la motivation avérée.



Acteur de sa formation et de celle d'autrui


Vous l’avez surement compris en cet instant, tout le fonctionnement de cette école est conformément opposé à ce que l’enseignement nous habitue, depuis notre plus tendre enfance. Le modèle se veut novateur, incluant l’étudiant au cœur du système. Et cette tendance est effective jusqu’à la correction des exercices. Exemple parfait de cette pédagogie peer-to-peer, Xavier Niel et ses compères avaient pour volonté que chaque élève de 42 soit le propre acteur de sa formation, mais aussi un acteur majeur de la formation de ses camarades. Pour ce faire, un innovant système informatique fut créé en l’occasion. Ainsi, lorsqu’un étudiant fini un travail, ce système en question sélectionnera une liste d’étudiants qui incarneront, le temps d’un instant, le rôle de correcteur. Ceux-ci ont différents critères de jugement, propre à chacun, mais doivent avant tout se plonger comme utilisateur afin de comprendre le but et la finalité recherchés par l’exécutant.


Correction entre élèves ( © 42)

En parallèle, la "moulinette" -- une machine automatisée -- effectuera à son tour une correction. Perfectionniste, celle-ci n’accepte aucune faute. Un espace en trop en fin de ligne de codage peut engendrer un 0.


Le but étant de pousser les étudiants et de les amener à se perfectionner, erreur après erreur.



La peur de l'échec et l'impact psychologique de cet instrument affecte sensiblement les moins préparés et les acteurs peinant à s’adapter à ce fonctionnement.


Cette piscine, aussi difficile et intense soit-elle, est une courte formation vectrice de nombreuses qualités. Elle offre une vie en communauté ainsi que l’accès à une pédagogie grandement gratifiée par les étudiants. Elle permet aussi aux piscineux de se projeter, en cas de sélection, vers ce à quoi leurs prochaines années d’études ressembleront. Enfin, les acquis et connaissances qu’emmagasinent les élèves en si peu de temps sont exponentielles. Certains étudiants provenant de filières externes, comme pour exemple des DUT, affirment en avoir appris davantage avec la piscine qu’en deux ans d’études classiques.


La piscine finie, les élèves doivent désormais attendre les résultats. Les heureux élus seront, d’une façon générale, ceux ayant parvenu à s’adapter à la méthode d’apprentissage, tout en s’élevant au fils des semaines. Pour les déceler, 42 s’aide de Data-Scientists.



Un apprentissage propre à chacun


Une fois les résultats tombés, infime sont les étudiants ayant été retenus pour poursuivre leur apprentissage. Ces derniers connaissent désormais la pédagogie de l’école qui reste la même : celle du peer-to-peer. Ils sont maintenant libres de se spécialiser et d’apprendre les technologies qu’ils désirent dans le large choix de savoirs que 42 propose tout en suivant, parallèlement, un tronc commun. Afin de compenser l’absence de professeurs, l’école offre un système pédagogique basé sur la gamification. Les élèves continuent de réaliser des projets affectés par l’école et une fois validés, ceux-ci gagnent des "niveaux" et accèdent à des exercices se complexifiant à chaque étape. Le système éducatif permet de perfectionner sa capacité à entreprendre et à gérer des projets.


Le tronc commun ( © 42)

Basé sur l’apprentissage de la programmation, 42 permet également de bénéficier d’infrastructures de qualités, de rencontrer de talentueux professionnels et d’apprendre à devenir autonome. Afin de valider leur cursus, les développeurs en devenir ont pour obligations d’entreprendre des stages, valider un certain nombre de projets et passer un total de cinq examens. L’école est censée durer 3 ans, mais cela est propre à chacun. Il en faudra seulement 2 pour certains, 4 pour d’autres. Chacun est libre de le réaliser à son propre rythme, notamment grâce au superbe système informatique, suivant l’avancée de tous avec précision. Le cursus se finit lorsque l’étudiant atteint le niveau 21 de la partie.


C’est à cet instant que le diplôme est délivré, mais il est important de souligner qu’un certain nombre d’étudiants, généralement très courtisé sur le marché, ne le terminent pas. Il n’est pas rare qu’ils prennent la décision de se lancer dans l'entrepreneuriat ou de renforcer des entreprises.



Le social au centre du système


Cette pédagogie du peer-learning s’applique, comme nous avons pu le voir, en toutes les couches de l’apprentissage au sein du 42. Mais l’école a eu pour volonté d’implanter celle-ci en une plus grande profondeur. Pour rendre cela possible, les étudiants ont libre accès de créer des organisations et des activités au sein de leur campus. Si l’un des élèves ressent l’envie de partager une passion ou un hobby avec ses peer, il ne lui suffit que d'installer un créneau et l’information sera accessible à l’ensemble des étudiants.



La pluralité des profils présents dans ces écoles permet d’engendrer une infinité de connaissances décalées à l’informatique. Généralement, les individus adhérents à cette philosophie du peer-to-peer sont souvent prêts et volontaires à donner de leur temps pour aider, apprendre et partager avec leurs compères. L’aspect social est véritablement au cœur du système.



Des étudiants pleinement épanouis


La description qui est faite de 42 et les informations qui y sont données par les fondateurs et les élèves pionniers laissent rêveur. Non pas que cela soit fallacieux, mais si intéressant et invraisemblable. Difficile d’imaginer une pédagogie comme celle-ci fonctionner, notamment par sa disparité avec le modèle éducatif qui nous est imposé à chacun dès le premier banc d’école.


Avec pour objectif d’en apprendre davantage, notamment sur l’impact et fonctionnement du peer-to-peer, nous nous sommes rendus au campus 42 Lyon, afin d’échanger avec certains de ses étudiants. Nous avons rencontré Mehdi et Arnaud, deux étudiants ayant réussi leur piscine en juillet 2021 et commencé leur formation au mois de novembre.


M! : Comment as-tu découvert l’école 42 ?


Mehdi : "Avant d’entrer à 42, j’étais professeur de guitare. Je suis tombé sur un ancien élève, qui est aujourd’hui tuteur dans l’un des campus. Il m’a parlé de l’école, qui avait l’air de le passionner. La description qu’il m’en a faite m’a réellement plu, cela m’a donné envie de voir de moi-même ce à quoi elle ressemblait. C’est pourquoi je me suis inscrit à la piscine de juillet 2021".


Quel était ton parcours avant de rentrer à 42 ? Le secteur informatique t’était-il familier ?


Mehdi : "Avant de tenter la piscine, j’ai été professeur de guitare durant 14 ans, comme dit précédemment. En tant qu’étudiant, j’ai fait 3 ans en école d’ingénieur, qui n’avait rien à voir avec la branche informatique, puisque mes études étaient portées sur le génie civil. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas reconnaître un mur porteur, donc en effet, j’ai bien fait de changer." (rire)


Avant de t’inscrire, avais-tu des aprioris ?


Mehdi : "Plutôt qu’un apriori, plus une appréhension, qui était la charge de travail, l’intensité 7j/7, avec des horaires assez tardifs. Je ne pensais pas être certain de tenir l’allure. Au début, c’était dur, mais au bout d’un moment, on rentre tous dans une sorte de faux rythme, on s’y habitue et cela nous semble normal. En dehors de cela, j’étais vraiment curieux de découvrir cette pédagogie sans professeur, avec comme seuls correcteurs les élèves. Le plus fou, c’est de se rendre compte que cela marche vraiment, et que chacun progresse à sa vitesse."


Quels sont les principaux avantages et inconvénients de cette pédagogie en peer-to-peer ?


Mehdi : "Grâce à cela, chacun y trouve son compte à sa vitesse, c’est fantastique. Cela est lié au fait qu’il n’y ait ni cours, ni professeurs, mais uniquement le peer-to-peer. Le système de correction me laissait perplexe au début. Je pensais que cela serait faussé, mais en général, ce n’est pas le cas. C’est un réel avantage qui nous apprend à être rigoureux puisqu’on doit être capable de connaître notre projet sur le bout des doigts afin de justifier l’agencement de notre travail et de l’expliquer à la perfection. C’est une excellente vertu que je ne retrouvais nulle part ailleurs. Et le fait de corriger d’autres élèves développe en chacun d’entre nous un aspect critique."


Arnaud : "Au sujet des inconvénients, c’est difficile d’en déceler sachant que l’on se trouve encore en plein dans le processus, sans savoir ce à quoi cela nous mènera. Il arrive, sur quelques projets, que l’on se formate sur une façon de faire, car on sait pertinemment que celle-ci est la bonne. Si je veux être critique, il est vrai que ce système effectue un brassage important dès la piscine, puisque cela ne peut pas convenir à tout le monde."


Quel est ton avis sur les horaires flexibles ?


Mehdi : "Personnellement, je trouve cela génial. J’ai tendance à m’imposer des horaires de bureaux, car c’est ceux qui me conviennent, notamment par rapport à ma vie de famille. Et je sais que si j’ai l’envie d’avancer sur un projet presque finalisé, je peux venir le dimanche et me reposer le lundi. C’est vraiment facilitant lorsque tu as des enfants ou autres contraintes. C’est un système qui s’adapte à tous les profils."


Si tu devais convaincre une personne de s’inscrire à la piscine, que lui dirais-tu ?


Arnaud : "Il n’y a aucune raison d’hésiter, la seule contrainte pour essayer est de bloquer du temps. Tout le monde peut tenter, ça ne coûte rien, donc lance-toi. Au minima, tu acquerras des connaissances qui sont très solides et tu repartiras avec les bases de la programmation. Dans tous les cas, tu n’auras pas perdu ton mois. Tu sauras si l’école et la programmation te plaisent."


Quels seraient vos conseils pour se préparer au mieux à la piscine ?


Mehdi : "Mon conseil pour ne pas être largué serait de regarder ce qu’est GIT, de connaître les bases d’un terminal et de s’y renseigner. Ce qui est intéressant est de réaliser les exercices d’Open Class Room sur le site de l’école, car ce sont des choses que tu reverras parfois."


Arnaud : "Paradoxalement, je conseillerais aussi de ne pas se faire une idée uniquement là-dessus. Le faire chez soi, esseulé, et à l’école, entouré, est totalement différent. Pour moi, ta réussite à la piscine ne dépend pas uniquement de tes connaissances, de ce que tu es capable de réaliser ou non. C’est surtout de voir si tu es compatible à ce système et à l’école. De ce côté, il n’y a pas vraiment de conseil. Donc fais de ton mieux et ne te compare pas aux autres, car il y aura des génies. Chacun apprend à sa vitesse et c’est le plus important. Certains sont profs de guitares, d’autres déjà développeurs depuis des années en entreprise. Mais quand tu ne le sais pas, tu te fais de fausses idées, donc ne te compare pas et ne te démoralise pas."


Après 42, quels sont vos objectifs ?


Mehdi : "Pour le moment, je ne sais même pas ce que je veux faire dans l’informatique. En l’instant T, je fais le tronc commun, qui permet d’apprendre énormément de choses différentes, puis arrivera le stage, qui nous permettra de tester un type d’entreprise pour voir si ça nous plaît ou non. Puis derrière, tu as encore des spécialisations, comme les applications mobiles ou le web. Donc l’objectif, pour le moment, est de trouver un aspect dans lequel je garderais cette sorte de fraîcheur qui me séduit aujourd’hui à l’école afin de ne pas tomber dans une routine pour la suite de ma carrière."


Arnaud : "Je rejoins Mehdi, je ne suis pas encore décidé pour le moment, mais je dirais que mon métier plaisir serait de travailler sur des jeux-vidéos ou des applications mobiles."



Référence internationale pour les connaissances et savoirs que son cursus offre, 42 est également une véritable école de la vie. Faisant de ces mots d’ordre l’entraide, la solidarité et l’échange, elle désapprend sur notre système rempli de valeurs surannées et forment des étudiants qui, arrivés sur le marché de l’emploi, sont éminemment compétents. Si sa description vous a envié, peut-être est-elle faite pour vous.

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