Sorti le 17 janvier dernier, le biopic Spencer, inspiré de la vie de Lady Diana, revient sur un week-end de Noël passé à Sandringham House, en 1991. Alors que le couple de la princesse de Galles s'effondre, Kristen Stewart incarne une princesse en proie à la folie dans une adaptation entre fiction et réalité.
"A fable from a true tragedy"
Son mariage était considéré comme celui du siècle et avait réuni plus de 750 millions de téléspectateurs. Le 29 juillet 1981, Diana Spencer, jeune aristocrate issue d’une haute lignée, devient l’épouse du prince Charles. L’union, célébrée par des milliers de personnes, connaît pourtant une issue tragique. Le prince de Galles, héritier du trône britannique, n’a jamais oublié son premier amour, Camilla Parker Bowles. La naissance des princes William et Harry n’y changent rien. Charles abandonne peu à peu sa femme jusqu’au divorce, qui n'est prononcé que le 28 août 1996.
Le cinéaste Pablo Larraín explore les conséquences de ce mariage et de ses contraintes que Diana ne supporte plus. Épuisée par les convenances de la cour, la princesse passe son dernier week-end à Sandringham House, entre crises hallucinatoires et désordres alimentaires. La demeure des Windsor, traditionnel lieu des festivités de Noël de la famille royale, devient un théâtre hitchcockien dont Diana essaie de s’échapper. Non loin de la réalité, la princesse a effectivement passé ses dernières fêtes de Noël avec le prince Charles en 1991, avant de s’en séparer un an plus tard.
Bien que timide, Diana est devenue une icône qui fascine encore aujourd’hui. Harcelée par les photographes, elle devient une figure médiatique, qui joue et fait de la mode un moyen de désobéir au protocole.
La costumière du film, Jacqueline Durran, oscarisée pour Anna Karénine et Les Filles du docteur March, n’a pas hésité à jouer sur les contrastes.
Aux tailleurs vifs et aux sacs Chanel, Diana troquait le simple jean, une manière d’être plus libre. La pièce maîtresse de l'adaptation reste cependant la robe de bal brodée, un modèle haute couture recréé par Chanel, issu de son défilé printemps-été 1988.
Trois jours dans la vie d’une femme
Dans un parti pris horrifique, l'uchronie de Pablo Larraín retrace la descente aux enfers de Diana dans des séquences étouffantes. En captivité, la princesse de Galles sombre dans une sévère dépression. Un mal-être qui se manifeste par son anorexie, entre nausées et crises boulimiques. Dans la tourmente, Diana fait face à une famille royale dont les membres sont réduits à des figurants par leur indifférence.
Prisonnière de Sandringham House, la jeune femme est repliée sur elle-même et s’automutile. Souffrant d'hallucinations, elle croit s’entretenir avec Anne Boleyn, reine martyre exécutée en 1536 après avoir été reconnue coupable d’adultère par son mari Henri VIII. Sa décapitation est un moyen pour le roi de rendre invalide leur mariage afin qu’il épouse sa maîtresse, Jeanne Seymour. En proie à la folie, Diana s’identifie à Anne Boleyn, alors que les tabloïds ont révélé les infidélités de Charles depuis peu.
Malgré son plaisir d’être mère, Lady Diana tente de se suicider à plusieurs reprises. Elle confie à Andrew Morton (Diana: Her True Story in Her Own Words) s’être jetée, dans un acte de désespoir, du haut d’un escalier un soir de Noël en 1981. Elle est alors enceinte du prince William depuis quatre mois. Pablo Larraín retrace cet épisode de manière fictive lors d’une escapade de la princesse dans sa maison d’enfance.
Une ode à la liberté
Au volant d’une décapotable pour aller à Sandringham, Kristen Stewart incarne surtout une femme indépendante qui refuse les conventions absurdes de son rang. La rigidité de la famille royale contraste avec ses danses dans le couloir et ses escapades nocturnes, fragments de liberté volés. En explorant ses névroses, ce biopic souhaite mieux sublimer une femme à l'esprit libre.
Pablo Larraín n’en est pas à son coup d’essai. Le cinéaste chilien s’est démarqué par ses autres biopics, Neruda et Jackie. Loin de s’en tenir à des faits historiques, le réalisateur cherche à saisir la complexité du personnage par le biais de son thriller psychologique. Son adaptation se distingue de la série The Crown ou du film Diana d’Oliver Hirschbiegel et dévoile un aspect insoupçonné, loin des idées préconçues sur la princesse.
Spencer est disponible depuis le 17 janvier sur Amazon Prime Video.
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