Sara Socas par Carmen Suárez
Rap et féminisme. Ces deux mots sonnent comme antagonistes dans l'inconscient commun peuvent s'allier pour créer une arme de destruction massive. Le monde du rap est réputé pour son ambiance machiste et misogyne. Quel meilleur champ de bataille que ce rap pour faire entendre les voix féministes ? Utiliser l'arsenal du "rap game" pour bombarder les dénonciations féministes. Les métaphores posées au bon moment sur l'instrumentale, et c'est la naissance des meilleurs slogans.
Se battre sur le terrain "des hommes", c'est le combat de Sara Socas. Cette freestyler espagnole de 22 ans utilise avec brio le rap comme instrument pour dénoncer la situation des femmes hispaniques. Elle a fait ses classes au sein des "Batallas De Gallos", littéralement batailles de coq, où elle a su se faire entendre. Sara s'attaque aux problèmes d'insécurité des femmes, avec comme seule arme son micro, face à une assemblée d'homme. Elle met les rappeurs face aux problèmes, comme lorsqu'elle a craché sa punchline "Dans ton pays il y a 2000 viols tous les jours, nous on sort en bande, on va devenir une meute", provoquant ainsi l'embrassement de la foule.
Elle s'est fait connaitre à l'international grâce à sa prestation où elle a écrasé le rappeur Rapder à Toluca (Mexique) durant une battle de renom. Cette battle avait une saveur particulière, car dans ce pays, 10 femmes sont tuées par jour. Sara a mis son âme pour gagner cette battle et l'a remporté avec une seule punchline. Cette dernière rebondit sur la phrase de Rapder, qui dit : "les plus belles femmes du monde viennent de ma région (...)". Sara a juste répondu : "les plus belles femmes du monde viennent de ta région ? Alors m*rde pourquoi tu les laisses mourir ?". Suite a ça, Rapder, connu pour ses sons peu élogieux a l'égard des femmes, s'est excusé.
Sara Socas rejoint les femmes élevant leurs voix dans un environnement qui ne leur est pas propice. Elle a désormais une place parmi les plus grandes, comme le duo Krudas Cubensi ou Dee MC qui mènent le même combat, mais en Inde.
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