Icône du style à la française, le pull marinière a traversé les âges sans se démoder. Pièce de collection pour de grands couturiers, au départ bleu et blanc, il a su se moderniser en diversifiant les tailles ou les coloris. Retour sur le parcours d'une pièce indispensable dans la garde-robe.
Son nom étant déjà un indice important, il nous paraît important de le préciser : le pull marinière était avant tout un outil de travail, utilisé dans le monde maritime. De nombreuses sources s'accordent à dire que les rayures qui le composent ont été utilisé dès le XVII° siècle dans le monde maritime. La raison ? Les rayures étaient plus facilement repérables dans l'eau.
S'il fallait retenir une seule date pour l'apparition de la marinière, ce serait 1858. À cette date, une ordonnance d'Etat impose au sein des bateaux un costume officiel. Cependant, nul équipage ne pourra choisir ses propres vêtements. Pour cela encore, l'ordonnance est prévoyante. Parmi les affaires qu'elle décrit, un tricot se distingue particulièrement. C'est le début de la renommée de la marinière.
En effet, dans l'ordonnance de 1858, la marinière est précisément décrite. Pour reprendre les termes de cette dernière, la marinière doit être composée de "21 raies blanches et 20 ou 21 raies bleues larges de 10 mm" et pour les manches de "15 raies blanches et 14 ou 15 raies bleues".
De plus, les bandes blanches devaient être deux fois plus larges que les rayures bleu indigo. Enfin, ses manches devaient être longues de trois quarts. La marinière s'impose alors comme une des caractéristiques des tenues des matelots et des quartiers maîtres.
Comme le col roulé au début, la marinière servait alors de sous-pull, plus précisément de tricot de corps pour les marins.
La réelle question se pose alors : comment le pull marinière va-t-il passer d'un vêtement de travail à un indispensable de la mode française ?
Vers 1916, sur la plage de Deauville, Coco Chanel fait fureur. Elle reprend ce vêtement en le féminisant, y ajoutant de la soie, l'insérant dans un pantalon taille haute. Rapidement, ces marinières vont arriver dans sa boutique à Deauville. Période de grande guerre oblige, elle utilise alors un tissu simple : le jersey.
La rayure va alors rapidement conquérir le reste de la France mais également d'autres domaines. Ainsi, dans le monde du cinéma, Jean Seberg la portera dans "A bout de souffle" (1960), tout comme Brigitte Bardot dans "Le mépris" (1963).
D'autres créateurs vont également l'intégrer à leurs défilés. Yves Saint Laurent va alors la détourner de nombreuses fois, la constituant comme une réelle pièce de haute-couture. Dans les années 2000, de plus en plus de libertés sont prises autour de ce produit, malgré tout très classique dans sa conception.
Ainsi, Kenzo va réinventer la marinière en y ajoutant des pois. Sonia Rykiel va également troquer ses habituelles rayures multicolores contre du bleu marine et du blanc. En 2012, Thom Browne pour Moncler va jusqu'à détourner le motif sur des pantalons.
Parmi tous ces créateurs de mode, un se distingue, ayant constitué en véritable égérie de la mode française la marinière : Jean-Paul Gaultier.
Dès 1978 et sa collection "Boy Toy",il revisite la marinière sous toutes les formes, tailles, coloris... Il y a integré notamment des boutons sur une épaule. Ultime hommage à ce vêtement, il viendra saluer à la fin du défilé vêtu d'une marinière classique.
En 2006, il la modernise de nouveau, la transformant en robe. De plus, ces créations avec la marinière habilleront également des célébrités comme Yvette Horner. La marinière marque tellement le créateur qu'elle se retrouvera sur ces flacons de parfum "Le Mâle".
La marinière va également tenter de s'imposer en sport et en politique, avec des succès différents.
En Mars 2011, la marinière débarque sur les terrains de foot au plus haut niveau. Karl Lagarfeld (1933-2019) va en effet intégrer la marinière au maillot de l'équipe de France pour les déplacements extérieurs.
Cependant, l'idée ne séduit pas. Onze mois plus tard, les maillots sont abandonnés au profit d'un maillot blanc plus traditionnel.
Malgré cela, en politique, la marinière va progressivement s'imposer. Le 19 Mars 2012, Armor Lux habille Arnaud Montebourg d'une marinière pour la une du Parisien. Les clichés illustraient également un dossier consacré au "Made In France". Dès lors, les politiques vont reprendre ce vêtement pour défendre le made in France.
En définitive, la marinière est passée en deux siècles d'un vêtement de fonction utilisé dans la marine nationale à un symbole politique de défense du made in France. Elle est surtout, et avant tout, une représentante de l'élégance à la française.
Largement accessible, elle a su se moderniser, notamment grâce à de grands couturiers comme Jean-Paul Gaultier. Elle a su s'orner de boutons sur l'épaule, prendre différentes tailles de rayures mais également différents coloris. Chacun peut trouver une marinière qui lui correspond réellement, que ce soit dans une brocante, dans le grenier de ses grand-parents ou encore dans un magasin de vêtements.
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