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Photo du rédacteurHéloïse Piednoir

L’art de paraître au XVIIIe siècle : l’exposition de mode à Nantes

Le musée d’arts de Nantes présente l’exposition "À la mode. L’art de paraître au XVIIIe siècle" jusqu’au 6 mars 2022. Une magnifique découverte des tenues luxueuses et iconiques portées au siècle des Lumières qui voit la naissance de la mode, subtil mélange d’art et de séduction.



vêtement ancien
Détail d'un vêtement du XVIIIe siècle © Erwan Le Yar

Les pièces iconiques


C’est avec élégance et somptuosité que le musée d’arts de Nantes présente son exposition "À la mode. L’art de paraître au XVIIIe siècle". Véritable phénomène de société, la France fait effectivement référence à cette époque en matière de luxe. Et l’une des pièces iconiques de l’habit dit "à la française" est sans nul doute le gilet !

musée d'arts de Nantes
Musée d'arts de Nantes (© Héloïse Piednoir)

Encore porté aujourd’hui pour agrémenter un costume, cette pièce incontournable du vestiaire masculin fait fureur à la fin du siècle des Lumières. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le duc Frédéric-Adolphe de Suède, frère du roi et considéré à l’époque comme le plus bel homme d’Europe, porte cette pièce phare lorsqu’il pose devant le peintre Alexandre Roslin. Le tableau visible dans l’exposition révèle la richesse des matières du gilet, aux broderies d’or et d’argent. On peut aussi rester des heures à observer le détail de chaque gilet présenté en vitrine, admirant les étoffes sous tous les angles.


À l’instar du gilet pour les hommes, la "robe à la française" est l'emblème de l’élégance féminine de cette époque. Portée sur une armature en forme de panier, cette robe aux tissus confectionnés à la main ne pouvait être portée sans l’aide d’une personne extérieure, révélant ainsi un rang social élevé. D’ailleurs, la marquise de Merteuil — jouée par Glenn Close dans Les liaisons dangereuses de Stephen Frears — est habillée par cinq domestiques... Les portraits et les robes exposés permettent d’avoir une idée du temps passé à s’habiller, bien qu’il soit dommage que l’exposition ne présente pas d’extraits cinématographiques sur ce sujet.


Mais l’art de paraître ne s’arrête pas aux pièces illustres ! Robes et vestes sont ornés de diverses étoffes d’apparats : taffetas, soieries, satins, broderies… Le rang s’affiche par la rareté des ornements, inspirés du monde artistique.




L’influence de l’art


Peinture d'une main sur un vêtement
Détail du portrait d'Abraham Fontanel par Joseph Siffred Duplessis, vers 1779. ( © Erwan Le Yar)

À travers une collection d'œuvres des plus grands portraitistes du XVIIIe siècle, l’exposition présente l’influence réciproque entre l’art et la mode. Éventails, tabatières ou encore étuis à billets, l’ensemble de ces petits objets de poche sont par exemple ornés de décors raffinés empruntés des peintures de l’époque. Ce ne sont pas de simples accessoires, mais de véritables musées miniatures.


La royauté et l’aristocratie se parent des plus riches vêtements ornés de broderies et influencent ainsi les cours européennes. Les réceptions, les sorties mondaines, mais surtout l’art, contribuent à la diffusion du style à la française qui devient un véritable phénomène de mode. En effet, les riches aristocrates portaient évidemment leurs plus somptueuses tenues lorsqu’ils se faisaient peindre. Les portraitistes, telle Adélaïde Labille-Guiard, étaient recherchés pour leur virtuosité à peindre avec réalisme taffetas et satins.




La fabrique de la mode


Exposition de mode avec peintures et robe
Salle dédiée aux "fantaisies d'artistes" ( © Héloïse Piednoir)

L’exposition nous fait aussi découvrir les prémices de la mode en France. En effet, le XVIIIe siècle voit apparaître deux nouveautés : les marchands et la presse de mode. L’une des marchandes de mode les plus célèbres de la capitale est Mademoiselle Bertin. Surnommée la "ministre des modes" par Marie-Antoinette, elle devient célèbre en ouvrant son magasin Le Grand Mogol, rue du Faubourg Saint-Honoré. C’est d’ailleurs à la même époque qu’apparaissent les premiers "magazines", comme La Galerie des modes, où l’on regarde notamment les dernières nouveautés en matière de robes, perruques et accessoires.

La mode au XVIIIe siècle suit les tendances inspirées par des personnalités influentes, telle la Duchesse de Polignac, amie de Marie-Antoinette, revêtue d’une robe chemise de couleur blanche, magnifiquement représentée par le célèbre tableau d’Élisabeth Vigée Le Brun. Cette toilette, plus légère que la robe à la française, devient iconique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.


Autre surprise de l’exposition : la robe de chambre masculine. Ce vêtement — aujourd’hui un peu banal, voire désuet, porté l’hiver par les plus frileux d'entre nous ! — connaît un grand essor chez l’élite intellectuelle. La robe de chambre est notamment portée par le philosophe Diderot, dans son portrait peint par Louis Michel van Loo, l’un des portraitistes les plus célèbres de l’époque. Ces vêtements, à la frontière du négligé-déshabillé, inspirent fantasmes érotiques et attitudes libertines. Le portrait captivant d'Abraham Fontanel, glissant son index à l’intérieur de sa chemise, en est l’un des exemples les plus évocateurs de l’exposition. Être à la mode devient ainsi une arme de prestige... et de séduction !


Un voyage dans le temps à voir jusqu’au 6 mars 2022 au musée d’arts de la ville de Nantes.

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