Après avoir parlé col roulé et marinière, voilà un nouveau retour d'un vêtement culte de la mode française. Et cette semaine, c'est le k-way qui est mis à l'honneur ! Qui n'a jamais vu le vêtement mis à l'honneur par Dany Boon dans un de ses sketchs ? Qui n'a jamais été interpellé par sa couleur jaune criarde dans les vitrines des magasins de mode ? Qui n'a jamais refusé d'en porter, traumatisé par sa difficulté à être mis ? Enfin, qui n'a jamais couru sous la pluie, plus jeune, en pensant être invincible aux gouttes grâce à ce vêtement ?
Au fil du temps, ce vêtement, parfois abandonné dans nos dressings, a su se réinventer pour revenir en force aujourd'hui. Biographie d'une icône de la mode française.
L'arrivée du k-way
K-way est une marque française. Elle est née de l'imagination de Léon-Claude Duhamel, dans des locaux du Nord de la France en 1965. Très vite, cette marque se spécialise dans les vêtements de pluie dont une veste coupe-vent en nylon qui se range dans une pochette banane : le k-way est né.
Avant cela, il est nécessaire de revenir sur l'essor et le développement du vêtement imperméable en France. Vêtement utilisé pour se protéger de la pluie, l'imperméable n'est pas né dans les années 1900. Depuis l'Antiquité, les bergers cherchaient un vêtement efficace pour lutter contre le temps parfois capricieux dans le Nord de l'Europe.
Au XIII° siècle, contre les pluies diluviennes et tropicales de la forêt amazonienne, les Indiens inventent le premier revêtement imperméable à base de sève de caoutchouc. Puis, l'idée s'exporte en Europe, où le créateur Mr. Macintosh utilise le benzol, solvant du caoutchouc, qu'il plaque entre deux couches de vêtements pour les rendre imperméable.
Le fameux trench-coat, bien connu de la garde-robe des influenceurs aujourd'hui, utile pour protéger de la pluie et du froid, a en réalité été connu grâce aux soldats de la Première Guerre Mondiale qui l'utilisaient dans les tranchées.
L'imperméable sera ensuite popularisé grâce au cinéma. Dans Le quai des brumes (1938), l'actrice Michèle Morgan porte un béret et un imperméable de plastique transparent. Cela va contribuer à populariser cet accessoire de mode auprès du grand public.
A côté de cet imperméable en plastique transparent, le ciré noir commence à se démocratiser. Apparu dans les années 1930, le vêtement va de nouveau redevenir à la mode dans les années 1960/1970. Il va devenir un indispensable des créateurs de mode dans les plus grands défilés.
A côté des imperméables en plastique, apparaît le vêtement en nylon bien connu de tous les français. Voici son histoire.
Une histoire de famille
Le k-way est une histoire de famille avant tout. En 1965, Léon Duhamel, père de Léon-Claude Duhamel, reçoit une nouvelle matière d'une entreprise belge de tissus : le nylon enduit. Le père propose alors au fils de développer un produit à base de cette matière.
Avec cette matière, Léon-Claude Duhamel souhaite libérer les enfants de leurs lourds vêtements de pluie. L'objectif ? Créer un vêtement léger qui permettrait aux enfants de sauter dans les plaques sans être gêné. Le manteau va vite se retrouver accompagné d'une banane, détachable, dans laquelle l'enfant pourra ranger son vêtement de pluie. Dès la commercialisation, sur un jeu de mots, le coupe-vent est nommé "en-cas" (de pluie) puis "en-K".
Sans doute inspiré par le mode de vie américain, dès 1966, Léon-Claude Duhamel renomme son coupe-vent en "K-way". Le succès est au rendez-vous avec plus de 250.000 exemplaires vendus. Les années 1970 signent le début de l'explosion commerciale de la marque. Cette dernière s'associe à l'Equipe de France de ski alpin.
Alors qu'il s'était d'abord associé à sa fille et son gendre, Léon-Claude Duhamel se retrouve seul aux rênes de l'entreprise dans les années 1980. Les années 1980 sont marquées par deux pertes pour l'entreprise : la tentative ratée de l'implantation de la marque outre-atlantique et, à partir de 1988, la baisse notable des ventes.
Les années se suivent et commencent à se ressembler. Proche du dépôt de bilan et racheté par Pirelli en 1991, la marque de Léon-Claude Duhamel voit leur usine du Nord de la France brûler en 1992. Après avoir vu la délocalisation de la production dans des pays de la côte africaine, la société passe à un chiffre d'affaires de moins de 100 millions de francs en 1996. Après avoir été rachetée par une banque italienne en 1996 puis par le groupe "Basic Net S p. A" en 2004, ce dernier rachat va signifier un tournant commercial pour la firme.
Après avoir affronté la concurrence "premier prix", la marque va tenter de se diversifier en créant une branche plus axée sur le haut-de-gamme. Sous l'impulsion de nouvelles personnalités, la firme va ouvrir plusieurs points de vente dans des centres commerciaux mais également collaborer à des collections avec des créateurs comme Philippe Starck ou Marc Jacobs. Ces trois réactions commerciales intensifient de suite le niveau de la marque : les prix grimpent alors en flèche.
Dans les années 2010, l'entreprise signe un retour en force en France en ouvrant de nombreux magasins. En 2014, la marque revient dans son fief en ouvrant un magasin à Lille, puis ouvre de nouvelles collaborations avec des marques telles que Kappa.
Aujourd'hui, la marque semble avoir retrouvé son prestige d'antan en diversifiant ses formes de k-way jusqu'à en avoir fait un produit de luxe. aujourd'hui, porter le k-way est devenu très tendance et semble avoir encore de belles heures devant lui. Le produit phare de notre enfance a su s'adapter à notre époque et à se décliner pour convenir à toutes les générations.
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