Ils ne vous diront sûrement rien de nom, mais une simple photo du leader Matthias vous rappellera l'Eurovision 2019. HATARI, groupe islandais SM et anticapitaliste, avait fait parler de lui lors de l'édition en Israël, puisqu'ils avaient brandi des drapeaux "Free Palestine". Décidé à poursuivre leur combat, ils ont sorti un nouvel album en début d'année : NEYSLUTRANS (littéralement "Trans-consommation").
HATARI formé depuis 2015, Matthias, Klemens et Einar sortent un EP en 2017 - NEYSLUVARA ("consommateur"). Si on cherche à comprendre le lyrisme islandais des chansons, on parle bien de la société de consommation, mais aussi des politiques. En effet, en janvier 2019, ils sortent le titre "SPILINGARDENS" (soit "Danse de la Corruption"). C'est le dernier titre qu'ils sortiront avant de longs mois. En effet, leur label a décidé de dissoudre le groupe et de ne plus collaborer. Mais les voilà sur la scène de l'Eurovision ! Ils interprètent HATRIÐ MUN SIGRA. "La Haine triomphera". C'est le groupe les plus excentrique et le plus politique que j'ai vu à l'Eurovision. Habillé de latex, de harnais, la mise en scène est impressionnante. Après leur performance, ils vont clairement afficher leur soutient à la Palestine, ce qui leur vaudra les hués du public. Quelques semaines plus tard, ils sortiront un single avec Bashar Murad, un chanteur palestinien. Le titre s'appelle Klefi / Samed ("cellule permanente" est sans doute la meilleure traduction).
Mais derrière ce style provocant, ce cache des Islandais presque comme les autres. Ils sont tous les 3 fils de diplomates islandais ! Mais justement, dans une interview en Israël (qui sera interrompu "par manque de temps"), Matthias explique qu'il veut utiliser leur influence pour changer les choses. Le groupe s'associe régulièrement à des actions caritatives. Après l'Eurovision, une gamme de vêtements a été créé avec une marque palestinienne, et tous les revenus étaient donnés à Rainbow Street. Une association qui protège les personnes LGBTQI+ en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Alors que l'on pensait ne plus les revoir, en octobre 2019 sort KLAMSTRAKUR ("Mauvais garçon"). Un album et une tournée européenne avec le groupe CYBER est annoncé : "Europe Will Crumble". Presque prédictif, puisque la tournée a dû être interrompue face à l'épidémie de COVID-19. Leur dernier album ne parle pas que de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. Les relations toxiques sont aussi un sujet récurrent, comme pour démystifier les relations SM. Toujours dans ce style musical si particulier. Une instru rythmée, accompagnée de la voix grave de Matthias et la voix plus mélodique de Klemens. Vous ne les trouverez ni sur Facebook, ni sur Twitter. Tout comme il privilégie la plateforme Bandcamp plutôt que la Fnac, pour vendre leurs compositions. Oserez-vous en écouter davantage ?
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