Le Musée du Luxembourg à Paris met en lumière les femmes artistes de l’Entre-deux-guerres à travers l’exposition "Pionnières. Artistes dans le Paris des Années folles". Un hommage aux femmes artistes qui ont fortement contribué à l’effervescence culturelle parisienne des années 1920 et au questionnement de la place des femmes dans la société.
Une émancipation artistique
Qui les connaît, aujourd’hui ? Si certaines sont devenues célèbres, comme Tamara de Lempicka et Romaine Brooks, la plupart sont restées dans l’ombre, marginalisées pendant de longues années. Pourtant, elles ont été les premières femmes à vivre de leur art, les premières à se faire un nom dans le Paris des années 1920.
L’exposition nous invite à redécouvrir ces artistes, ces femmes qui ont façonné le Paris des Années folles, souvent résumé par une simple image de fêtes et d’alcool. L’exposition rend compte de ce tourbillon artistique à travers leur travail prolifique dans tous les arts, allant de la peinture au cinéma, de la mode à la sculpture et même à la fabrication de marionnettes.
Car vivre de son art étant un luxe, la plupart ont varié leurs activités, en créant des vêtements ou en fabriquant des poupées, afin d’être autonome financièrement. Talentueuses, elles en deviennent parfois de véritables business women comme Sonia Delaunay, peintre et créatrice de mode, qui ouvre une boutique dans laquelle le Tout-Paris s’empresse pour admirer ses œuvres.
Peintres, libraires, danseuses, écrivaines, photographes… Ces femmes à la fois artistes et muses se sont émancipées grâce à l’art. Pour ne citer qu’un exemple, les deux librairies parisiennes incontournables de l’époque, Shakespeare Company et La Maison des Amis des Livres, ont été tenues par des femmes : Sylvia Beach et Adrienne Monnier.
Cette émancipation s’est amorcée avec la Première Guerre mondiale où, à l’arrière, alors que les hommes étaient mobilisés au front, les femmes se sont engagées et ont montré qu’elles étaient autant capables de faire le même métier que les hommes.
Quand l’art s’accorde au féminin et à la modernité
C’est à travers leur travail que les femmes artistes révèlent leur vision du monde et donnent à voir une autre image d’elles-mêmes. Loin des stéréotypes.
Suzanne Valadon transforme le thème de l’odalisque, esclave des harems et des sérails ottomans, figure de fantasme chez ses confrères. Alors que l’odalisque est toujours représentée nue, au corps idéalisé, allongée de manière lascive dans un décor évoquant l’Orient, dans La Chambre bleue, l’odalisque de Valadon est résolument moderne : allongée sur son lit, habillée en pyjama avec pantalon et chemisette, fumant une cigarette, le regard de côté, avec un livre à ses pieds.
Tamara de Lempicka bouscule aussi les codes. Son désir pour les femmes transparaît dans son art. Sa toile Perspective, connue sous le titre Les Deux Amies, se fait remarquer pour son saphisme. L’amour entre deux femmes est représenté, dans ce tableau, libre, assumé et érotique, à l’heure où, dans les années 1920, l’homosexualité féminine était tant à la mode que scandaleuse.
À contre-courant des codes traditionnels de l’image de la femme fatale, Romaine Brooks réalise des portraits féminins à la silhouette androgyne, sans fard, aux nuances de gris. Son autoportrait Au bord de la mer (1912) modernise l’image de la femme, vue par l’artiste comme des "amazones" des temps modernes.
Venez découvrir cette exposition au musée du Luxembourg, à Paris, jusqu’au 10 juillet 2022.
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