Depuis le 9 décembre 2021 et jusqu’au 29 mai 2022 se tient l’exposition Le Monde de Steve McCurry, au musée Maillol à Paris. On y retrouve les clichés les plus connus du célèbre photographe américain, mais aussi certaines photos plus inédites. L’Afghane aux yeux verts reste cependant la star de cette exposition qui fourmille de photos touchantes et de portraits saisissants.
Sobrement mise en scène dans une ambiance tamisée, qui met en valeur les photographies du reporter, l’exposition nous permet de comprendre le regard qu’il porte sur notre monde. En déambulant entre les tirages grand format, on s’étonne, on admire, on s’émerveille, on pense, on réfléchit. Si vous vous demandiez si cette expo valait le coup, vous découvrirez dans cet article pourquoi il ne faut surtout pas la louper.
Le Monde de Steve McCurry : la rétrospective de plus de 40 ans de carrière
Nous connaissons tous les photos emblématiques de l’œuvre de Steve McCurry, mais moins son histoire. Reporter photo pour un journal local, il commence à parcourir le monde à partir de 1978 avec un premier voyage en Inde qui le marquera pour toujours. Il couvrira beaucoup de zones de conflit, dont celui opposant l’Afghanistan et les Soviétiques de 1979 à 1989. C’est de retour d’Afghanistan qu’il deviendra célèbre après avoir traversé clandestinement la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan.
Des pays qui l’inspireront et où il fera ses plus belles photographies. L’exposition qui se tient au musée Maillol de Paris retrace l’histoire du photographe au travers de ses clichés.
Il y raconte comment certaines photos ont pu exister et dans quelles conditions certaines ont été prises. Nous rencontrons un homme humble qui veut plus que tout rendre compte de l’époque et de l’état du monde dans lequel il vit.
Les portraits ont une place importante dans l’œuvre du photographe et ils sont pour lui le reflet de notre temps. L’exposition nous permet également de découvrir une part moins connue de son travail : la photographie en noir et blanc. C’est la partie qui entame l’exposition et qui sonne comme une introduction au travail du reporter. Le décor est immédiatement planté et le visiteur comprend qu’il met les pieds dans un recueil de photographies qui bousculent et interrogent, pas simplement d’images à voir.
Une œuvre humaniste qui donne à réfléchir
Steve McCurry met l’Humain au centre de son travail. C’est son sujet préféré, celui qui raconte le plus de chose. Il voit dans les traits du visage, dans les yeux de ses sujets, l’histoire de la personne photographiée. Il dit même que le regard de l’Afghane aux yeux verts témoigne de l’histoire de son pays et de la résilience de son peuple.
Tout au long de l’exposition, le visiteur en apprend beaucoup sur les coutumes et traditions des pays où vivent les personnes photographiées.
Au-delà d’un recueil de photographies touchantes et émouvantes, l’exposition est un voyage en elle-même. Un voyage au sens propre du terme, mais aussi un voyage émotionnel. Il est étonnant de voir à quel point une collection de portraits peut provoquer autant de réactions différentes. On se surprend à sourire, à être triste on devient empathique ou révolté, c’est ce qui fait la force des grandes photographies.
Loin de ne faire que du portrait, le reporter américain nous livre des paysages à couper le souffle, des scènes de vie époustouflantes, avec toujours l’Humain en toile de fond.
Il y a sur chaque cliché une silhouette, un mouvement, qui donne de la vie à la photographie pour en faire autre chose qu’un paysage inanimé. Présent lors des attentats du 11 septembre 2001 à New-York, Steve McCurry a couvert l’évènement alors que les tours étaient en feu et pendant plusieurs jours ensuite. Il photographiera les décombres, mais aussi la détresse et le courage des Hommes.
Une vie de voyage et de contemplation
L’exposition Le Monde de Steve McCurry est un peu le best-of du photographe américain, mais pas que. Le visiteur découvre la vision du journaliste sur le monde, sur son métier et sur le voyage. Une série de courtes vidéos sous-titrées accessibles à la fin de l’exposition viennent compléter les commentaires de Steve McCurry qui rythment l’expo.
Il y explique comment il aborde son métier et le voyage, les deux étant indissociables. Le maître-mot est pour lui la patience. Il décrit comment elle permet de prendre la bonne photo au bon moment et que c’est en elle que réside le secret. La seule façon d’obtenir l’image parfaite est de se rendre sur les lieux à différentes heures de la journée, plusieurs jours de suite, jusqu’à ce que toutes les conditions soient réunies.
Cette manière de travailler influença sa façon de voyager. S’imprégner des lieux est pour lui d’une importance capitale. Le seul moyen d’y parvenir est de rester longtemps sur place, de vivre le lieu, de vivre comme ses habitants et de se faire accepter. C’est ainsi qu’il saisit les subtilités de l’endroit et des gens qu’il veut photographier. La vie de Steve McCurry est, et a été, une vie de voyage, mais avant tout de contemplation et d’attente. L’exposition retranscrit très bien cette approche de la photographie, bien souvent oubliée dans un monde où tout va top vite. Steve McCurry réussit le tour de force de nous pousser à nous remettre en question grâce à de "simples images". La marque des grands photographes.
L’exposition Le Monde de Steve McCurry est une expérience unique à voir si vous en avez l’occasion. Les clichés sont sublimes, mais c’est peut-être ce qui surprend le moins. Le vrai étonnement naît de l’interprétation faite des photographies et des commentaires de l’artiste. La sensibilité de chacun est un facteur important dans l’intérêt porté à l’exposition, mais nul doute que tout le monde y trouvera matière à réflexion et émerveillement. Si ces quelques lignes ont éveillé votre curiosité, n’hésitez pas à réserver vos billets.
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