L'épopée désertique Dune, imaginée dans les années 1960 par l'américain Frank Herbert, est visible dans les salles françaises depuis le 15 septembre. Réalisé par le québécois Denis Villeneuve, ce film imaginé en deux parties tente une nouvelle adaptation d'une saga longtemps considérée comme maudite.
Paru pour la première fois en 1965, le roman Dune est imaginé par son auteur, Frank Herbert, comme l'éveil d'un jeune homme sur sa destiné. En l'an 10191, la famille des Atréides se voit confiée par l'Empereur – à la tête d'un conglomérat de planètes – la gestion de la plus riche d'entre elles : Arrakis. Celle-ci doit son autre nom, Dune, à ses étendues infinies de sables ; quintessence de l'hostilité humaine, où l'eau devient la ressource la plus précieuse. Celle à l'origine de toute vie.
Ou est-ce l’Épice ? Cette poudre aux effets psychotropes, unique sur Arrakis, permet aux humains de se déplacer dans l'espace. Première ressource de l'univers, elle était contrôlée quatre-vingt années durant par la terrifiante famille des Harkonnen, ennemis jurés des Atréides.
À la découverte de sa destinée
Dune se focalise sur l'histoire du jeune Paul Atréides, alors âgé de 15 ans. Le lecteur – et aujourd'hui le spectateur – suit le déménagement de l'héritier et futur gouverneur de Dune vers la planète de sable. Là-bas, il se découvre une destinée. Devra-t-il s'y soumettre ? Ou choisira-t-il de rompre son sort prédestiné ?
Denis Villeneuve met ici en image un long-métrage (150 min), se voulant comme un hommage au septième art. Les décors réels d'Irlande et de Jordanie donnent à Dune des accents de véracité servant l'ambiance futuriste de l'histoire. Tout comme le côté très actuel des problématiques soulevées par le roman, comme par le film. Elles sont autant écologiques – l'Homme est-il en droit d'exploiter les ressources naturelles d'une planète pour son unique enrichissement ? - que sociales. Sur Arrakis, les autochtones Fremens sont depuis des décennies en guerre ouverte avec les Harkonnens, exploitant sans respect l’Épice et donc leurs terres, leur planète, leur Dune.
Scénariste, réalisateur et producteur
Le jeu des acteurs est, sans conteste, entièrement dédié à la qualité du film. Timothée Chalamet, Jason Momoa, Rebecca Fergusson, Oscar Isaac, Josh Brohlin, Stellan Skarsgård ou encore Javier Bardem se donnent la réplique avec une justesse déconcertante. Tous témoignent de la précision avec laquelle Denis Villeneuve les a dirigé, ayant en tête chaque plans et séquences. Le tout souligné par une composition orchestrale à couper le souffle, signée du maître incontesté, l'Allemand Hans Zimmer.
Aux commandes de la réalisation comme du script et de la production, Denis Villeneuve (53 ans) réalise ici le film dont il rêvait, jeune. C'est adolescent qu'il tombe en admiration pour la saga de Frank Herbert, qui écrit six romans entre 1965 et 1985, le Cycle de Dune. Devenu son livre de chevet, le réalisateur raconte avoir très vite imaginé les scènes en images. Pour lui, sa carrière est une évidence : il deviendra réalisateur et un jour, Dune sera l'un des ses films.
De précédentes tentatives avortées, incomprises
La coqueluche d'Hollywood qu'est devenu Denis Villeneuve depuis Incendies (2010) puis Prisoners (2013), et dernièrement Blade Runner 2049 (2017), n'est pas le seul à s'être mesuré à la saga Dune. Le poète chilien Alejandro Jodorowsky imagine, dès les années 1970, une adaptation cinématographique très ambitieuse. Trop ambitieuse. Il ne réussit pas à lever les fonds, malgré un casting fou : les Pink Floyd à la musique ou encore le dessinateur de génie Moebius aux costumes. Les producteurs d'alors n'ont pas encore conscience du potentiel de la science-fiction (Star Wars ne sort qu'en 1977). Pourtant, le réalisateur américain David Lynch transpose, en 1984, son univers introspectif dans son adaptation de Dune. Le film, encore aujourd'hui incompris, est un échec critique et commercial ; malgré des hordes de fans (très) habités.
"Cette histoire est trop complexe pour être racontée en un seul opus. [...] Dune est comme un avant-goût, un hors-d’œuvre de la deuxième partie qui reste à venir, et qui sera le plat principal."
- Denis Villeneuve
Imaginé en diptyque, Dune selon Villeneuve est en passe de battre les records au box-office, pouvant alors se décliner en une seconde partie. À peine 24h après sa sortie, le film comptabilise plus de 4 500 entrées. Les projections sont estimées au-delà des 1,2 millions de spectateurs d'ici une semaine. Avec un budget estimé à 165 millions de dollars, cette adaptation intemporelle incarne toute l'audace créative dont peut, parfois, faire preuve Hollywood.
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